D'Abu Dhabi, un appel à la fraternité humaine plus urgent que jamais
Olivier Bonnel - Abu Dhabi
Alors que la guerre menée par la Russie à l'Ukraine provoque angoisses, destructions et soulève un mouvement de solidarité dans toute l’Europe et au-delà, Abu Dhabi s'apprête à décerner le prix Zayed 2022 à la Fondation haïtienne Fokal ainsi qu’au roi Abdallah II et à la reine Rania de Jordanie en reconnaissance de leurs efforts pour promouvoir la fraternité humaine.
Le prix a été institué comme l'un des premiers fruits du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé à Abu Dhabi le 4 février 2019 par le Pape François et le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb.
Dans ce contexte où l’Est de l’Europe est frappé par la guerre, l’appel à la fraternité lancé depuis les Emirats prend une résonnance encore plus forte.
«Ce prix a un sens absolument essentiel aujourd’hui alors que l’actualité est bouleversante, souligne Leah Pisar, présidente du Projet Aladin, une association culturelle de promotion du dialogue entre les communautées juives et musulmanes, et membre du jury du Prix Zayed. Cette guerre est incompréhensible et brise le cœur. Il est ainsi d’autant plus important de montrer l’importance de cette humanité commune et de cette fraternité » poursuit-elle. La franco-américaine, qui fût conseillère de l’ancien président Bill Clinton se dit persuadé que cette « guerre va réveiller quelque chose, un instinct plus humain, dans d’autres parties du monde». Selon elle, ce prix Zayed «a une vocation à encourager l’humanité à agir, à s’exprimer, à s’indigner face à cette violence totalement injustifiée ».
Retrouver «la boussole morale»
Présent également à Abu Dhabi, l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou, membre également du jury du prix Zayed 2022. «Ce prix a d’autant plus de valeur dans le contexte actuel, explique t-il, dans le contexte d’un monde qui est en crise de valeurs et il est important de rappeler les valeurs de la fraternité humaine dans un monde qui semble n’avoir plus de boussole. La guerre qui vient d’être déclenchée le prouve. Alors que le monde a besoin de paix, on constate que les hommes ne tirent jamais les leçons de l’histoire». Pour Mahamadou Issoufou, les valeurs de la fraternité humaine «permettent justement de combattre le mal qui coexiste avec le bien en l’homme ».
Loin du désert des Emirats, le théâtre de guerre russo-ukrainien a pourtant des répercussions universelles. «On prend sans doute la fraternité comme une valeur déjà acquise, reprend Leah Pisar, on est pourtant tous, humain, tous dans le même bateau». Selon elle, «l’humanité est un peu en train de perdre sa boussole morale et a besoin de la retrouver».
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