La vie politique irakienne, otage de ses divisions
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
L’Irak attend toujours un président. Lundi 7 février, le parlement n’a pas réussi à élire le chef de l’État, car il manquait un quorum suffisant (les 2/3 tiers des députés). Seulement 58 parlementaires sur 329 étaient présents. Les principales formations du pays, qu’il s’agisse des formations chiites ou kurdes, faute de tomber d’accord sur un candidat, avaient décidé de bouder la session. Un boycott qui révèle les fractures politiques du pays. Si le dépôt pour des candidatures est de nouveau ouvert, aucune date n'a été encore fixée pour organiser une nouvelle session, afin de faire élire le chef de l'état.
Les principaux partis irakiens semblent pour l'heure incapables de se parler. D'un côté, le leader nationaliste chiite Moqtada al-Sadr, grand vainqueur des législatives d'octobre dernier avec 73 sièges remportés sur 329, et ses alliés Massoud Barzani, le président du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) ainsi que le chef du Parlement Mohamed al-Halboussi. Face à eux, le camp composé de forces et personnalités chiites pro-iraniennes dont l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et Hadi Al-Ameri, leader de l’alliance Al-Fatah, mais aussi de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), fondée par l’ancien président Jalal Talabani.
Fragilité sécuritaire
Devant les responsables politiques irakiens, le 5 mars 2021, le Pape François, tout juste arrivé à Bagdad, avait mis en garde contre les divisions et plaidé pour un dialogue constructif entre toutes les communautés du pays. Le Saint-Père avait notamment invité les responsables à «édifier la justice, faire grandir l’honnêteté, la transparence et renforcer les institutions».
Quatre mois après les élections législatives, remportées par la formation de Moqtada al Sadr, l’Irak n’a donc toujours pas non plus de majorité gouvernementale. L’actuel gouvernement gère les affaires courantes dans l’attente d’une équipe stable et crédible.
Ce report sine die de la nomination du président rajoute une dose d'inconnu à la vie politique du pays déjà très chaotique. Cette impasse politique, dans un pays miné par la violence, pourrait durer selon Adel Bakawan, directeur du Centre Français de Recherche sur l’Irak (CFRI)
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