Molière, le Tartuffe, l’Église et François
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Il y a quatre cents ans était baptisé Jean-Baptiste Poquelin, passé à la postérité sous son nom de plume et de comédien : Molière. Cet artiste complet qui fit rire mais aussi réfléchir la France et la cour du Roi Soleil au XVIIe siècle, est toujours aujourd’hui l’un des plus grands, sinon le plus grand, des auteurs dramatiques de langue française, à tel point que son nom qualifie la langue qu’il savait si bien manier.
Le 17 février, date de sa mort, une messe sera célébrée en sa mémoire comme c’est le cas depuis un siècle par l’aumônerie des Artistes du spectacle, en l’église Saint-Roch, à Paris, à deux pas de la Comédie-Française, temple de Molière s’il en est. Fondée en 1927, cette aumônerie «assure une présence d’Église auprès d’un milieu de vie qui, plus que tout autre, est fragilisé par l’aléatoire des carrières et les incertitudes de l’avenir. La sympathie généreuse que manifeste l’aumônier des artistes à l’endroit de fidèles souvent peu conformistes, doit répondre par-delà les siècles à l’injuste dureté qu’avait trop longtemps cautionnée l’ignorance», écrit le père Philippe Desgens sur le site de l’aumônerie.
Le Tartuffe, malentendu avec l'Église
Cette dureté, Molière en fit les frais. Parmi ses chefs d’œuvre, Tartuffe ou l’Imposteur, provoqua le scandale lorsqu’elle fut jouée pour la première fois le 12 mai 1664. À tel point que l’Église de France, par la voix de l’archevêque de Paris, Mgr Hardouin de Péréfix, la fit interdire. Mais si des considérations politiques ont sans doute dicté cette animosité de la part des ecclésiastiques et des dévots de l’époque – la France est en pleine crise du jansénisme - Tartuffe, dans sa dernière version, celle que nous connaissons, finit par conquérir un large public et à gagner sa place dans le répertoire du théâtre.
Le père Luc Reydel, aumônier des artistes à Paris, estime que la dénonciation des hypocrites, des faux dévots, que fait l’auteur dans sa pièce, est toujours d’actualité. «Plus que jamais, ce genre de pièce apparait comme nécessaire et indispensable dans le monde où nous sommes. L’hypocrisie étant le fait de l’homme pécheur, les hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins pécheurs que ceux d’hier, d’il y a quatre-cents ans. Du coup, cette pièce n’a rien perdu de sa pertinence».
Si les relations entre le Tartuffe et l’Église ne furent pas très bonnes à leurs débuts, il n’en est plus rien. Au contraire ! La pièce «va servir l’objectif de l’Église» estime l’aumônier des artistes, sans que l’on puisse affirmer bien sûr que ce fût l’objectif de Molière. «De facto, à partir du moment qu’elle dénonce ce travers humain qu’est l’hypocrisie, elle ne peut que servir ce que l’Église a en commun avec Molière : cette volonté de montrer du doigt, de dénoncer cette hypocrisie, cette médisance, cette dimension mensongère du cœur humain qui n’est pas capable de reconnaitre sa propre pauvreté».
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