À l'Onu, une décennie pour sauver les langues autochtones
Entretien réalisé par Claire Riobé - Cité du Vatican
Elles s’appellent l’arawak, le palikur, ou encore l’ojibwé. Ces langues font partie des 4000 langues autochtones parlées actuellement à travers les cinq continents. Particulièrement menacées, on estime que l’une d’entre-elles disparaît environ tous les 15 jours à travers le monde.
Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce phénomène. La colonisation, les génocides, ou encore les maladies qui ont décimé des populations entières, ont participé à la mort de certaines langues autochtones. En cause également, l’imposition par de nombreux gouvernements d’une langue nationale à l’école, au détriment de langues parlées par des groupes minoritaires. Aux Etats-Unis, 45% des langues ont ainsi disparu entre le début de la colonisation et le XXe siècle. Si le phénomène n'est pas nouveau, il aurait été particulièrement accéléré ces dernières années en raison de la mondialisation.
Un outil de reconquête linguistique à échelle mondiale
Face à l'ampleur de cette crise, l’ONU a ouvert, début janvier 2022, une décennie internationale des langues autochtones. Ce plan d'action mondial s'est donné jusqu'en 2032 pour lutter contre la disparition de ces langues et travailler à la revitalisation de certaines autres. Le chantier s'appuie sur les résultats de l'Année internationale des langues autochtones, menée en 2019, mais qui avait été jugée insuffisante dans ses résultats.
Bénédicte Pivot est maîtresse de conférence à l’université Paul Valéry de Montpellier, sociolinguiste et spécialiste de la revitalisation des langues minoritaires en danger. Elle revient sur les enjeux de cette décennie de «reconquête linguistique» à échelle locale comme internationale.
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