À Lviv, la solidarité des habitants envers les déplacés
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Passé l’effroi du début de la guerre et des premières alertes aériennes, Lviv fait face à l’afflux des Ukrainiens qui fuient les zones de combat ou qui sont pris pour cibles par les bombardements russes. La mobilisation des habitants est générale alors que la vie quotidienne est bouleversée. Enfants et étudiants ne vont ainsi plus à l’école ou à l’université.
Aude Guillet, membre de l’antenne Points-Cœur depuis sa création il y a quinze ans à Lviv, participe à cet effort général. La vocation de l’ONG française, présente sur les quatre continents, est d’aller dans les lieux de grandes souffrances, au plus près des personnes les plus délaissées. Dans ces nouvelles circonstances, le témoignage de vie et l’aide apportée par cette structure modeste, de cinq membres, sont d’autant plus appréciables.
Dès le début du conflit, le centre a accueilli une famille composée d’une Ukrainienne et d’un Turc vivant près de Kiev et ayant deux enfants, dont un petit garçon autiste. Et mardi soir, il a ouvert ses portes à une famille avec une petite fille de neuf mois venue de Kharkiv qui «a pu miraculeusement trouver un train» raconte Aude Guillet.
«Ce qui me touche beaucoup quand ils arrivent, confie la membre de Points-Cœur, c’est qu’il y a une souffrance très retenue, une sorte de paix et un vrai stabat, c’est-à-dire qu’ils sont debout devant leur propre souffrance et celle de leur peuple, sans animosité, sans révolte, ce qui ne m’étonne pas car j’ai toujours été frappée par la bonté des Ukrainiens».
En ville, «les gens se mettent à disposition pour accueillir les déplacés à la gare, pour faire des paquets, pour accueillir les gens chez eux», poursuit-elle. Certaines scènes sont déchirantes. Une de ses amies, venue de Kharkiv avec sa fille et son fils à peine majeure, ont tenté de quitter le pays, sans succès. Le fils aîné est contraint de rester, pouvant potentiellement être appelé à combattre.
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