Dans la sécheresse de Madagascar, la consolation du repas pascal
Marine Henriot – Cité du Vatican
Il circule de village en village, avec un véhicule légué par un donateur il y a maintenant quelques années. Sous le soleil de plomb de Madagascar, le père Jean Chrysostome, salésien malgache qui a tout plaqué pour venir en aide à ses concitoyens avec l’association SOS Toliara, espère nourrir en ce week-end pascal près de 5 000 personnes.
Cette année, la saison des pluies fut particulièrement faible dans le pointe sud du pays, si bien que les cyclones dévastateurs qui ont touché le reste de la Grande île au printemps sont vus ici comme salutaires, car ils ont apporté quelques fines gouttes de pluie. «La saison des pluies s’achève, et la terre reste sèche», soupire le père Chrysostome, avant de s’enthousiasmer : «Notre arrivée est vraiment une consolation pour la population, qui trouve du riz et de la viande dans son assiette uniquement lors de notre passage».
Le cercle vicieux des charbonniers
Selon un rapport publié en 2020 par l’ONG Care, la crise alimentaire à Madagascar est celle la plus oubliée et invisibilisée par les médias, alors que plus d’un million et demi de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire. Selon les Nations unies, la Grande Île traverse la «première famine climatique de l’Histoire», liée au réchauffement climatique.
Sur place, la population est enfermée dans un cercle vicieux. Plus rien ne pousse dans la terre aride, explique le père Jean, les gens se nourrissent de quelques maniocs et maïs, également des fleurs et feuilles de cactus et certains marchent jusqu’à 30 kilomètres pour dénicher des pommes de terre sauvages. Pour avoir un maigre revenu, entre 50 centimes et 1 euro par jour, de nombreux Malgaches procèdent à la fabrication du charbon en brûlant les forêts environnantes. Une spirale délétère : les forêts étant parties en fumée, elles ne peuvent plus jouer leur rôle essentiel dans la formation des nuages et la distribution de la pluie.
À la recherche d’un camion-citerne
Pour se procurer quelques litres d’eau afin de boire et cuisiner, les Malgaches du Sud sont obligés d’en acheter à des camions-citernes qui circulent dans la région. 50 centimes le bidon de 20 litres, une somme exorbitante pour la population. À cause de la pandémie et en raison de l’arrivée de la guerre en Ukraine, les dons à l’association SOS Toliara se font de plus en plus rares, note le père Jean Chrysostome, qui appelle à l’aide pour trouver un camion-citerne, afin de pouvoir distribuer gratuitement l’eau à la population, «Ici c’est une guerre contre la famine, beaucoup d’enfants ne mangent pas, la lutte est quotidienne».
Pour aider l'association SOS Toliara, c'est ici.
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