Il y a 30 ans, l'assassinat du juge Giovanni Falcone bouleversait l'Italie
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Il y a tout juste trente ans, le 23 mai 1992, peu après 18h, une édition spéciale interrompait tous les programmes sur la télévision italienne. Une énorme explosion venait de se produire sur une portion de l'autoroute A 29 en Sicile, au niveau de l'embranchement de Capaci, petit port situé au nord de l'île. Le convoi de voitures alors visé n'était autre que celui du juge Giovanni Falcone et de son escorte. Les images sont spectaculaires, un cratère de plusieurs mètres de profondeur barre l'autoroute, la voiture du juge sera projetée sur le bas-côté.
Le juge rentrait de Rome et se rendait à Palerme, sa ville natale. Le «massacre de Capaci», comme le nomme la presse italienne, fera cinq morts : Giovanni Falcone et son épouse Francesca Morvillo, également magistrate, et trois de ses gardes du corps. Cet attentat, commandité par Cosa Nostra, la puissante mafia sicilienne, reste un traumatisme profond en Italie.
Ce lundi 23 mai, une cérémonie commémorative s'est déroulée devant la stèle à Capaci, dressée sur les lieux de l'attentat. La ministre de l'Intérieur Luciania Lamorgese a déposé une couronne de fleur, suivie d'une cérémonie à Palerme pour rendre hommage à Giovanni Falcone.
«Un pays plus libre et plus juste»
«Grâce au courage, au professionnalisme, à la détermination de Falcone, l'Italie est devenue un pays plus libre et plus juste» a affirmé ce lundi le président du Conseil italien Mario Draghi dans un communiqué, soulignant l'«héroïsme» du juge mais aussi de ses collègues du pool antimafia de Palerme qui «a enraciné les valeurs de l'antimafia dans la société, chez les nouvelles générations, dans les institutions républicaines». Giovani Falcone est aussi celui qui permit la tenue du "maxi-procès" de Palerme. Entre 1986 et 1987, des centaines de mafieux seront condamnés à des peines de prison.
Trente ans après sa mort, la figure du juge Falcone est toujours incontournable et a dépassé les frontières de l’Italie. Création d'un parquet national antimafia, du statut de collaborateur de justice pour les repentis, article 41 bis qui prévoit l'isolement dans des quartiers de haute-sécurité... la lutte contre la mafia en Italie est un héritage de son combat.
Que représente l'attentat de Capaci et quel est le leg du juge Falcone en matière de lutte contre le crime organisé aujourd'hui? Décryptage de Fabrice Rizzoli, docteur en sciences politiques de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et auteur de plusieurs ouvrages sur la mafia, co-fondateur de l'association Crim'HALT
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