Jose Ramos-Horta rêve de paix et de développement pour le Timor oriental
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Tard dans la nuit, le nouveau président fut acclamé par la foule à son passage en direction du Parlement, où le coup d'envoi des festivités nationales commémorant les 20 ans de l'indépendance du pays vis-à-vis de l'Indonésie, qui a envahi l'ancienne colonie portugaise en 1975, ont été lancées.
Avec la prestation de serment de Jose Ramos Horta, 72 ans, le plus jeune pays d'Asie du Sud-Est pourrait renouer avec la stabilité politique.
Lors du second tour de l’élection présidentielle, fin avril, Jose Ramos Horta qui a dirigé le pays de 2007 à 2012, a en effet remporté 62,09% des suffrages. Une victoire sans appel face à son adversaire qui résista comme lui à l’occupation indonésienne, le président sortant Francisco Guterres qui a obtenu 37,91% des voix. Au total, les anciennes figures de la résistance ont obtenu plus de 76% des votes, restant ainsi dominantes sur la scène politique.
De retour sur le devant de la scène après avoir passé plusieurs années au service des Nations unies, le président Ramos Horta espère surmonter la crise politique liée à la rivalité historique entre les deux principaux partis du pays, le Congrès national pour la reconstruction du Timor-Leste (CNRT) et le Front révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (Fretilin). Leur querelle ont nui au bon fonctionnement de l’exécutif bloquant, par exemple, l’adoption d'un budget ces quatre dernières années.
Fraternité humaine
«Le président doit agir comme une figure paternelle pour le peuple et être respecté par tous les groupes politiques», affirmait à Fides Mgr Dom Virgilio do Carmo da Silva SDB, archevêque de Dili, le jour du second tour. Une idée sur laquelle s’est arrêté le nouveau président dans son discours d’investiture
«La paix ne sera réelle et durable que si elle se réalise à travers le dialogue et le respect mutuel dans lesquels aucune des parties ne se sente contrainte et humiliée», a indiqué Jose Ramos Horta. Le prix Nobel de la paix en 1996 et membre du comité de sélection du Prix Zayed de la fraternité humaine 2021, aurait d’ailleurs l’intention de faire de la Déclaration sur la fraternité humaine signée par le Pape et le Grand imam d’Al-Azhar en 2019, un texte de référence au niveau national. L'agence de presse émiratie indique sur son site internet que Jose Ramos Horta s’engage, «avec l'Église catholique et d'autres groupes religieux, afin d'adopter les enseignements et les valeurs du document sur la fraternité humaine dans le cadre de notre programme scolaire» et au sein des institutions culturelles du Timor oriental.
Croissance et développement
«Aujourd'hui plus que jamais, nous devons être pleinement conscients que seule l'unité nous permettra d'atteindre les objectifs de développement que nous proposons», a déclaré hier soir Jose Ramos Horta. Dans ce petit pays de 1,3 million d'habitants, 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, et sur 1 000 enfants, 42 meurent avant leur cinquième anniversaire en raison de la malnutrition. Hier, le président s’engageait à améliorer les services de santé pour les mères et les enfants.
Après la pandémie et trois ans de récession, l’économie du pays, tributaire de la baisse des revenus du pétrole offshore, a renoué avec la croissance, mais le chemin du développement est semé d’embuches: pauvreté, chômage, corruption,
Dans son discours, le nouveau président a félicité les Etats-Unis pour leur rôle dans le développement des infrastructures du pays et souhaité développer les relations bilatérales avec la Chine, tout en préservant la «paix régionale et mondiale».
L'Église vigilante
De son côté, l’Église catholique veut croire au respect de la Constitution. «Nous devons toujours nous inspirer et nous tenir fermement aux références à la Constitution, en promouvant la discipline chez tous les résidents afin de convertir de façon permanente notre nation en une société pacifique, prospère et démocratique», déclarait Mgr Da Silva après avoir voté à Dili. Au Timor oriental, où 98,3% des habitants sont baptisés, l’Église a toujours été une présence d'équilibre et de modération, souligne Fides.
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