Golfe de Guinée: l'ONU intensifie la lutte contre la piraterie
Claire Riobé - Cité du Vatican
L'initiative a été portée par la Norvège et le Ghana. Elle poursuit les efforts engagés ces dix dernièrs années par l'ONU pour lutter contre l’insécurité en mer, dans cette région d'Afrique de l'Ouest vaste comme la Mediterranée.
Votée le 31 mai par les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, la résolution 2 634 condamne ainsi fermement la piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée, tout comme les meurtres et les prises d'otages, récurrents dans la région. Elle exige par ailleurs des chefs d'États du golfe de mettre en œuvre des stratégies de sécurité maritime, à la fois au niveau national et régional, afin de renforcer, avec appui de l’ONU, la lutte contre ce fléau. Les chefs d'États sont invités à ériger les actes de piraterie en infractions pénales dans leur droit interne, et à ouvrir des enquêtes sur leurs auteurs, afin de les poursuivre et les extrader.
Un manque à gagner de 2 milliards de dollars
Les eaux du golfe de Guinée, richement pétrolifères, sont un point névralgique du commerce maritime international. Souvent désigné comme la zone maritime la plus dangereuse au monde, le bassin concentrait, en 2021, 95% des enlèvements de marins répertoriés à l’internationale. Prises de navire, enlèvements d’équipage contre rançon, ou encore vols de cargaison, y sont le plus souvent commis par des groupes originaires du delta du Niger, dont la professionnalisation ces dernières années, allié à un éloignement des côtes, a conduit à une démultiplication des attaques en eaux internationales.
Les gains de la piraterie rapporterait annuellement aux groupes pirates de la zone près de 5 millions de dollars, estime l'ONU, grâce aux vols, extorsions et prises d'otages. Elle représenterait un manque à gagner de deux milliards de dollars par an de pertes directes et indirectes pour les Etats côtiers du golfe, indique également l'organisation dans le texte de la nouvelle résolution.
Accentuer la coopération régionale
Malgré une diminution progressive du phénomène de piraterie dans la région -52 incidents répertoriés en 2021, contre 115 l’année précédente, selon le rapport annuel du Bureau maritime international- la menace sécuritaire demeure particulièrement élevée. Selon l'ambassadrice de Norvège à l'ONU, Mona Juul, avec «plus de 1 000 navires qui traversent chaque jour les eaux du golfe de Guinée», la piraterie concerne aujourd'hui des «dizaines de pays qui investissent en Afrique centrale et méridionale».
La piraterie, si elle ne fait pas l'objet d'une coopération régionale accrue, risque ainsi d'aggraver une série d'autres défis auxquels l'Afrique de l'Ouest est confrontée, alerte l'ONU. Notamment la montée du terrorisme, le retour des coups d'État militaires et l'aggravation de l'impact du changement climatique et de la pandémie de Covid-19.
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