Vers une nouvelle ère de réarmement nucléaire
Avec agences
Selon le Sipri, après la baisse «marginale» observée en 2021, l'arsenal nucléaire mondial devrait recommencer à progresser «au cours de la décennie à venir». La guerre en Ukraine s'est traduite par plusieurs références explicites du président russe Vladimir Poutine à l'usage de l'arme atomique et plusieurs pays, comme la Chine et le Royaume-Uni, mènent officiellement ou officieusement des plans de modernisation ou de développement de leurs arsenaux, souligne l'institut. Le risque d'escalade nucléaire est désormais au plus haut depuis la période d'après-guerre froide selon le rapport du centre de recherche suédois.
Malgré l'entrée en vigueur du traité d'interdiction des armes nucléaires début 2021 après sa ratification par plus de 50 pays et la prolongation pour cinq ans du traité russo-américain Start, le contexte s'était déjà dégradé ces dernières années, selon le Sipri, sur fond d'inquiétude autour du programme nucléaire iranien et de développement de missiles hypersoniques encore plus difficiles à intercepter.
La baisse du nombre total d'armes n'est d'ailleurs due qu'au démantèlement de têtes nucléaires russes et américaines retirées du service il y a plusieurs années. Le nombre d'armes considérées comme opérationnelles reste lui relativement stable.
La Russie, première puissance atomique mondiale
Selon les dernières estimations du Sipri, la Russie est toujours la première puissance atomique mondiale, avec 5 977 têtes (-280 sur un an) déployées, stockées ou en attente de démantèlement début 2022. Près de 1 600 d'entre elles seraient opérationnelles. Quant à la Corée du Nord, le Sipri estime pour la première fois que le régime communiste de Kim Jong-Un a assemblé 20 têtes nucléaires. Pyongyang a suffisamment de matière fissile pour en produire une cinquantaine. «En Chine, une augmentation substantielle de l'arsenal nucléaire est en cours, avec des images satellites indiquant la construction de plus de 300 nouveaux silos de missiles», affirme l'organisme. Selon le Pentagone, Pékin pourrait disposer de 700 têtes d'ici 2027.
Le Royaume-Uni a annoncé l'an dernier relever le plafond de son arsenal nucléaire et décidé de ne plus communiquer le nombre de ses armes opérationnelles. La France a elle lancé en 2021 un nouveau programme de sous-marins nucléaires, et tant l'Inde que le Pakistan et Israël semblent également développer leurs arsenaux, selon le Sipri.
La possession d'armes nucléaires: immorale et inconcevable
À plusieurs reprises, le Pape, suivant les traces de ses prédécesseurs, a indiqué la voie du désarmement et répété combien la possession même d'armes nucléaires est «immorale», combien elle représente une «menace». Il l'avait dit le 10 novembre 2017 en s'adressant aux participants du Symposium international sur le désarmement: «L'existence même des armes nucléaires, avait-il remarqué à cette occasion, est fonctionnelle à une logique de la peur qui concerne non seulement les parties en conflit, mais l'ensemble de l'espèce humaine. Les relations internationales ne peuvent être dominées par la force militaire, par l'intimidation réciproque, par l'ostentation des arsenaux de guerre». «Les armes de destruction massive, en particulier les armes atomiques, avait ajouté le Saint-Père, ne peuvent constituer la base d'une coexistence pacifique entre les membres de la famille humaine, qui doit au contraire s'inspirer d'une éthique de la solidarité».
Deux ans plus tard, lors de son voyage apostolique au Japon, au Mémorial de la Paix à Hiroshima le 24 novembre 2019, François avait rappelé le «crime» de l'utilisation de l'énergie atomique à des fins de guerre «non seulement contre l'homme et sa dignité, mais contre toute possibilité d'avenir dans notre maison commune».
Dernièrement, recevant le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, mercredi 4 mai, François avait rappelé que la possession de l’arme nucléaire est «inconcevable».
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