Terre Sainte : le retour des pèlerins entre soulagement et méfiance
Claire Riobé - Cité du Vatican
Certains parlent d'un «soulagement immense», d’autres, d’une «attente qui n’en finit pas». Le retour des touristes en Terre Sainte, progressif ces derniers mois, est inégal selon les territoires. Dans des lieux de pèlerinage tels que Jérusalem, ou Nazareth en Israël, des dizaines de groupes affluent depuis février vers les sanctuaires et hôtels. La plupart, originaires des Etats-Unis et d’Europe.
En territoires palestiniens, les conséquences économiques de la crise pèsent toujours lourdement sur les locaux. Dans les villes de Bethléhem ou de Jéricho, à proximité du site du Jourdain, les guides et commerçants attendent désespérément le retour des pèlerins.
Une reprise en dents de scie
On se souvient de 2019 comme d'une année record en terme d’affluence touristique en Terre Sainte. C'était avant que la pandémie de Covid-19 ne mette brutalement fin aux vols dans la région et laisse sans travail des milliers d'employés de cette industrie.
Après plus d'un an et demi d'arrêt, le tourisme a timidement repris en novembre 2021, lorsque l’Etat israélien a ré-autorisé l'ouverture de ses frontières. Une décision sur laquelle il est revenu en décembre, avant de finalement autoriser les vols touristiques vers Israël en janvier 2022, sous respect de strictes mesures sanitaires. Selon l’Association du transport aérien international, en février dernier, les voyages en Israël étaient ainsi toujours inférieurs de 60 % à leur niveau d’il y a trois ans.
Par la suite, le déclenchement brutal de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, a freiné de nombreux départs en voyage, constatent les guides touristiques sur place. La flambée des prix du gaz ou du blé à l’international, et l'inflation générée, a dissuadé beaucoup de voyager.
Un «soulagement incroyable»
George Safar est guide francophone de Terre Sainte, basé à Haifa et à Jérusalem. «Je peux dire que j’ai travaillé quasiment en continu avec des groupes importants. On revit après deux ans de stress», témoignage-t-il. Ce catholique de rite syriaque s'inquiète d'une possible fermeture des frontières, si la situation sanitaire venait de nouveau à se déteriorer. Il partage cependant sa joie d'avoir pu recommencer à travailler, et demande à tous les pèlerins de penser à venir dans les mois à venir en Terre Sainte.
Son soulagement est partagé par Laure Joubran, théologienne chrétienne habitant à Nazareth, en Israël. Elle et son mari tiennent depuis 20 ans une entreprise de bus touristique. Leur vie de famille, rythmée à l'année par la venue des pèlerins, a repris peu à peu un cours normal ces derniers mois. «On revit, ça a été juste un soulagement incroyable», raconte-t-elle.
«Les gens continuent de prier et d'espérer»
La réalité à autre à Bethléem, en territoire palestinien, où 90% de l’économie dépend de l’industrie touristique. Les pèlerinages n’ont pas repris au même rythme qu’en Israël et les guides et commerçants travaillent aujourd’hui à 30% de leur rythme habituel.
Le père Rami Asakrief, ofm, est frère franciscain et l'actuel prêtre de la paroisse latine de Bethléhem. Il continue de soutenir spirituellement les habitants, dont l’attente des pèlerins semble n’en plus finir. «Les gens continuent de prier et d'espérer, mais les résultats se font attendre. Je sais que le Seigneur est toujours avec nous, et c'est ce que je preche à mes paroissiens ici (...)», indique-t-il.
Plusieurs centaines d’employés des hôtels et restaurants de Bethléhem ont dû quitter leur poste pour trouver du travail à Jérusalem. Tous espèrent que la saison estivale permettra à la ville de retrouver, en partie du moins, les touristes qui remplissaient ses rues ces deux dernières années.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici