En Guinée, le délai de la transition politique fait toujours débat
Entretien réalisé par Myriam Sandouno - Cité du Vatican
Près de dix mois après le putsch du 5 septembre 2021 qui a renversé le président Alpha Condé, le climat politique guinéen reste tendu. Le délai d'une transition politique qui permettrait de nouvelles élections, fixé à dans trois ans, ne rassure ni la classe politique guinéenne, ni les acteurs de la société civile. La junte militaire en place dit souhaiter restaurer une stabilité politique et sociale dans le pays, avant de céder le pouvoir aux civils.
Le Front national pour la défense de la Constitution exige pourtant qu'un délai de transition raisonnable soit rapidement trouvé. L’Union des forces démocratiques, l'une des principales forces d'opposition dans le pays, a elle aussi immédiatement rejeté ce délai, exigeant un retour à l’ordre constitutionnel. Récemment, elle a appelé à la mobilisation des citoyens, à travers la voix de son président, Cellou Dalein Diallo.
Face à la crise politique que traverse le pays, Mgr Raphael Balla Guilavogui, président de la Conférence épiscopale de Guinée, estime que ces trois années sont un temps suffisant pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. Évoquant les maux qui affectent la Guinée, parmi lesquels la corruption, les détournements de fonds et l’ethnocentrisme, l’évêque de N’Nzérékoré invite «les ministres catholiques du gouvernement de transition à être des exemples» dans ce processus.
Pression de la Cedeao
Lors de sa 61e session à Accra, le 3 juillet dernier, la communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a accordé un sursis d’un mois à la Guinée, en raison de la nomination d’un nouveau médiateur dans le pays en la personne de Thomas Boni Yayi. L’ancien chef d’État béninois est attendu dans les prochains jours à Conakry. Il doit y débuter les négociations avec la junte, pour tenter de réduire la durée de cette période de transition.
La nomination de Thomas Boni Yayi a été saluée par le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo, L’arrivée du médiateur dans son pays est une bonne chose, a-t-il annoncé, promettant que le gouvernement fera preuve de «bonne foi» pour que son «chronogramme» de transition soit compris.
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