Migrants en Méditerranée: risquer sa vie en échange de l'espérance
Francesca Merlo – Cité du Vatican
La situation est «tragique», déclare le père Patrick Etamesor, le coordinateur pour l'Afrique de l'Ouest du Service jésuite des réfugiés (JRS), en faisant référence à la dernière perte de vies en mer Méditerranée. Les 22 victimes de mardi étaient toutes originaires du Mali, tout comme la majorité des 61 survivants, «sauvés» par les garde-côtes libyens et emmenés sur le continent.
Ces personnes sont «juste des gens normaux», souligne le père Patrick Etamesor. Par «normaux», il explique qu'il s'agit souvent de jeunes hommes et femmes, des adolescents, «qui ne voient aucun espoir dans leur situation».
La situation en Afrique de l'Ouest est difficile. Le Sahel est en proie à la violence extrémiste, à la mauvaise gouvernance et aux changements constants de pouvoir, explique le père Patrick. À cela s'ajoute le changement climatique, qui affecte toute la région, et les gens préfèrent de loin «entreprendre ce voyage périlleux plutôt que de rester là où ils sont». Ils sont conscients des risques, dit le père Patrick, et «aussi triste que cela soit», ajoute-t-il, «beaucoup d'entre eux ont tendance à mourir, sans jamais arriver à destination».
Absence d’information
Mais les nouvelles des décès en Méditerranée ne parviennent pas toujours chez nous, dit le père Patrick. «Dans certains cas, les familles attendent toujours le retour de leurs fils et de leurs filles», croyant que leurs enfants sont partis à l'étranger et qu'ils sont vivants et travaillent, alors qu'en réalité «beaucoup de ces hommes et de ces femmes ont perdu la vie en voyageant, mais sans personne autour d'eux pour rendre des comptes». C'est la dure réalité soulignée par le père Patrick, qui note que cela dépend de la situation, et qu'«il y a ceux qui sont conscients et ceux qui ne le sont pas».
Dans le contexte du Mali, Caritas est profondément engagée à faire en sorte que ces schémas d'émigration soient en quelque sorte gérés. La sensibilisation est en cours, et les organisations «s'assurent que les gens sont plus familiers avec les risques que ces types de voyages posent pour eux et leurs proches».
Bien que la sensibilisation soit présente, dit le père Patrick, «elle n'est pas suffisante», car «en l'état actuel des choses, rien qu'en regardant la catastrophe économique qui se déroule au niveau mondial et le risque de famine, vous pouvez comprendre que les gens ont le sentiment que, malgré les risques qui leur sont montrés, partir reste leur meilleure option.» Cela «leur évite d'être confrontés à la famine».
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