Des graines d'espérance au milieu de la destruction et de la mort
Andrea Tornielli, directeur éditorial de Vatican News
«Les innocents paient pour la guerre, les innocents!.» La voix du Pape François pourrait être celle de qui crie dans le désert, six mois après le début de l'agression insensée et horrible en Ukraine: destruction, mort et spectre du conflit nucléaire. «Je pense», a déclaré le Souverain pontife à la fin de l'audience générale du mecredi 24 août, en rappelant la responsabilité de tous, «à tant de cruauté envers tant d'innocents qui paient pour la folie, la folie de toutes les parties, parce que la guerre est folie et personne dans la guerre ne peut dire: ‘non, je ne suis pas fou’».
Nous ne pouvons pas nous habituer à ce qu'il se passe, après des mois d'images choquantes de mort et de destruction causées par les armes modernes et le prix très élevé en termes de vies humaines innocentes sacrifiées, de familles anéanties, de maisons et d'entreprises détruites, de quartiers rasés. La voix de Pierre n'a jamais manqué d'exprimer sa solidarité avec les personnes lésées et toutes celles qui souffrent des conséquences de la guerre. Elle n’a jamais cessé d’exhorter les dirigeants des différentes nations impliquées à rechercher une solution négociée.
Le bilan de ce semestre de conflit entre deux nations au cœur de l'Europe est tragique. Des fosses communes, des enfants morts et blessés, des mères ukrainiennes et russes pleurant leurs très jeunes fils morts au front, des millions de personnes déplacées, le risque de famine et la dévastation de l'environnement témoignent de l'impuissance des chefs d'État et des organisations internationales et de l'incapacité d’appliquer, avec courage et créativité, ce que le Pape appelle le «schéma de paix». Beaucoup, trop, continuent en effet à raisonner selon le «schéma de guerre» et considèrent comme seule réponse viable le renforcement des anciennes alliances militaires et la course folle au réarmement. Le monde, déjà meurtri par tant de guerres qui constituent les «morceaux» de cette troisième guerre mondiale dont François a si souvent parlé, replonge dans une nouvelle guerre froide. Sans compter les graves conséquences, économiques et en termes d'approvisionnement énergétique, attendues à court et moyen terme pour de nombreux pays.
Est-il possible de discerner des signes d'espérance dans ce panorama de dévastation? Oui, c'est possible. Une première graine d'espérance germe dans la générosité avec laquelle de nombreuses personnes ont ouvert leurs portes aux réfugiés ukrainiens, apporté personnellement de l'aide, se sont impliquées dans des initiatives humanitaires sans se laisser gagner par la «mondialisation de l'indifférence». Une autre graine d'espérance est visible dans l’action des organisations, des associations et des groupes qui se sont engagés dans des initiatives en faveur de la paix, du dialogue, de la négociation, en prenant des risques personnels pour visiter l'Ukraine déchirée par la guerre. La graine de l'espérance est la prise de conscience croissante, répandue parmi le peuple plus que parmi les dirigeants et les responsables politiques, de la nécessité urgente de mettre fin au massacre par une trêve et la négociation.
Car si l'on continue à répondre à l'émergence de nouveaux conflits sur la base des vieux schémas, au lieu d'oser tenter de construire une nouvelle coexistence internationale, le sort de l'humanité risque d'être malheureusement scellé. Enfin, il est une graine d'espérance qui, pour le croyant, est la première et la plus importante. Celui qui croit sait que les guerres trouvent leur origine dans le cœur de l’homme, que Dieu intervient dans l'histoire, et que la prière, surtout celle des humbles, des simples, des souffrants, peut influencer et changer le destin de l'humanité.
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