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Un étudiant à Pristina, au Kosovo à l'occasion de la Journée de la Terre en avril 2022. Un étudiant à Pristina, au Kosovo à l'occasion de la Journée de la Terre en avril 2022.  Les dossiers de Radio Vatican

Entre Serbie et Kosovo, l'impossible conciliation

Le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre du Kosovo Albin Kurti se rendent ce 18 août à Bruxelles pour discuter des moyens d'apaiser leurs relations, régulièrement émaillées d’épisode de tensions. Le dernier remonte à début août. Mais pas de quoi pour autant craindre une escalade selon Alexis Troude, spécialiste des Balkans.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

L’invitation est venue du chef de la diplomatie européenne, après un début de mois d'août qui laissait craindre le pire. «Josep Borrell a invité les deux parties à Bruxelles. Le président Vucic et le Premier ministre Kurti ont accepté son invitation et ils rencontreront le 18 août le Haut Représentant et le représentant spécial de l'UE Miroslav Lajcák pour discuter de la voie à suivre dans le cadre du dialogue Belgrade-Pristina», a précisé Peter Stano, porte-parole de Josep Borrell.

Les raisons des frictions

Les tensions ont été exacerbées dans le nord du Kosovo après la décision de Pristina d'imposer des permis de séjour temporaires aux personnes entrant au Kosovo, avec une carte d'identité serbe, et d'obliger les Serbes du Kosovo à remplacer leurs plaques d'immatriculation par des plaques de la République du Kosovo. Des questions apparemment mineures qui ont pourtant servent de prétexte pour raviver les ressentiments. 

Sous la pression des puissances occidentales et en particulier des États-Unis, allié du Kosovo, les autorités de Pristina ont décidé de reporter d'un mois, jusqu'au 1er septembre, l'entrée en vigueur des nouvelles règles à la frontière avec la Serbie. Cette dernière est quant à elle soutenue par la Russie et la Chine, le géant asiatique renforçant son influence sur le territoire serbe.

Dans ce contexte, la KFOR, force de l’Otan présente sur place avec 3 775 militaires, a pour objectif de «fournir un environnement sûr et sécurisé et de garantir la liberté de mouvement au profit de toutes les communautés au Kosovo». Elle est prête à intervenir «si la stabilité est menacée», a averti début août le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Une paix fragile

Jusqu'à présent cependant, c’est le statu quo qui prévaut, et la population des deux pays n’est pas prête à replonger dans un conflit armé, explique à notre micro Alexis Troude, spécialiste des Balkans et enseignant à l’université de Melun Val de Seine.

Les mémoires sont encore marquées par la guerre sanglante qui a fait 13.000 morts, entre 1998 et 1999, en majorité des Kosovars albanais. Par ailleurs, l’indépendance proclamée par le Kosovo en 2008, non reconnue par la Serbie, a envenimé les relations entre Belgrade et Pristina. Depuis, le dialogue est impossible.

Comparant la situation aux relations tumultueuses entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, Alexis Troude explique qu’il faudra sans doute beaucoup de temps pour parvenir à un apaisement durable des relations et à une reconnaissance du Kosovo par son voisin.

(Avec AFP)

Entretien avec Alexis Troude

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17 août 2022, 14:11