Dans le sud de Madagascar, l'indispensable dispensaire
Marine Henriot – Cité du Vatican
L’inauguration a enfin eu lieu le dimanche 14 août. À Andranovory, à 70km de Toliara, dans la pointe sud de Madagascar, après deux ans de travaux et près de 30 000 euros d’investissements, réalisé par l’association SOS Toliara, en coopération avec Change4Mada.
Cette région est une terre de maladies, détaille le père Jean Chrysostome, «surtout les maladies contagieuses parce que (...) la culture locale ne permet pas de construire ni d'utiliser des toilettes, la population jette les choses sales par terre». Dans cette terre tropicale, l’eau est rare. Quand elle tombe du ciel, les habitants la récupèrent à même le sol jonché de déchets, ce qui facilite la propagation de maladies. «C’est pourquoi nous avions le désir de construire ce centre de santé: pour soigner les gens, mais également pour leur apprendre les règles de bases sur l’hygiène», raconte le père Jean. Lui vient du centre de l’île, salésien, et a tout abandonné il y a quelques années pour s’installer dans cette région aride, et venir en aide à ses compatriotes via son association, SOS Toliara.
Règne de la sorcellerie
À Andranovory, la sorcellerie et les croyances traditionnelles dominent le quotidien. «La plupart des personnes n’ont pas fréquenté l’école, alors elles se soignent avec de la magie et de la superstition», abonde le père Jean. C’est aussi l'un des objectifs du dispensaire: enlever de l’esprit des habitants la superstition que la mort n’est qu’un destin.
Le dispensaire est construit sur deux étages. Même si les finitions sont encore à terminer, les premiers médecins devraient arriver dès septembre, si le financement le permet. Ainsi, le fondateur de SOS Toliara appelle aux donations pour pouvoir rémunérer les médecins et acheter des médicaments et du matériel.
Catastrophe climatique et humanitaire
Selon un rapport publié en 2020 par l’ONG Care, la crise alimentaire à Madagascar est celle la plus oubliée et invisibilisée par les médias, alors que plus d’un million et demi de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire. Selon les Nations unies, la Grande Île traverse la «première famine climatique de l’Histoire», liée au réchauffement climatique.
Sur place, la population est emprisonnée dans un cercle vicieux. Plus rien ne pousse dans la terre aride, explique le père Jean, les gens se nourrissant de quelques maniocs et maïs, ainsi que des fleurs et feuilles de cactus. Certains parcourent jusqu’à 30 kilomètres pour dénicher des pommes de terre sauvages. Pour avoir un maigre revenu, entre 50 centimes et 1 euro par jour, de nombreux Malgaches procèdent à la fabrication du charbon en brûlant les forêts environnantes. Une spirale délétère: les forêts étant parties en fumée, elles ne peuvent plus jouer leur rôle essentiel dans la formation des nuages et la distribution de la pluie.
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