La centrale de Zaporijjia est-elle sûre?
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
La centrale de Zaporijjia va-t-elle devenir le nouveau Tchernobyl? Les Occidentaux et les Ukrainiens craignent que les combats qui se déroulent autour du site nucléaire, le plus grand d’Europe, ne provoquent une catastrophe. L’un des réacteurs est à l’arrêt depuis mercredi à cause d’un tir de mortier sur le site. Les bombardements à proximité des installations n’ont pas cessé, les armées russe et ukrainienne se rejetant la responsabilité de ces tirs. La semaine dernière, la centrale a été déconnectée du réseau ukrainien, ce qui a fait craindre le pire.
Pour s’assurer que tout va bien, l’Agence internationale pour l’énergie atomique, l’AIEA, a envoyé des inspecteurs qui sont arrivés sur place ce jeudi. «L’intégrité physique» de la centrale «a été violée à plusieurs reprises» a dénoncé le jour-même le directeur de l’agence, Rafael Grossi. Les membres de cette mission doivent rester sur place jusqu’à dimanche ou lundi pour évaluer la situation et vérifier que la structure ne présente pas de risque.
Une centrale sûre
En théorie, la centrale de Zaporijjia est sûre, affirme Biagio Principe, ingénieur de l’énergie et professeur chercheur à l’HES-SO de Suisse. «C’est un modèle russe, le VVER, qui a quatre systèmes de sécurité dont un système de blindage de ciment qui se trouve au-dessus de la centrale et qui la protège de toute attaque externe, et un blindage interne qui préserve de toute fuite à terre» explique-t-il. Les réacteurs, par ailleurs, sont différents de ceux de Tchernobyl et de Fukushima et sont bien plus sûrs, poursuit-il.
L’une des principales menaces, plus qu’un bombardement direct qui parait improbable au vu des risques pour les deux belligérants, peut venir d’une déconnexion de la centrale au réseau électrique ukrainien, comme ce fut le cas il y a quelques jours. La centrale a besoin, non seulement d’évacuer l’électricité produite, mais d’être alimentée pour fonctionner correctement et notamment réguler les flux d’eau qui permettent de refroidir les réacteurs. Les VVER peuvent cependant continuer de fonctionner en cas de coupure, pendant 72 heures, explique Biagio Principe. Mais il faudra intervenir. Et là, il y a risque humain: le manque de personnel, souligne l’ingénieur. Seul 20% des techniciens et ingénieurs de la centrale sont présents sur place. Ce qui est trop peu en cas de problème, prévient-il.
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