Restaurer la confiance des Britanniques: la mission du successeur de Boris Johnson
Entretien réalisé par Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican
On connaitra aujourd’hui le nom du successeur de Boris Johnson au 10 Downing street. Deux candidats se sont affrontés sur la dernière ligne droite: Liz Truss et Rishi Sunak. En théorie, il y a peu de suspense sur l’issue de cette campagne au sein du parti conservateur. Les sondages donnent une large avance à la cheffe de la diplomatie du gouvernement sortant face à l’ancien ministre des finances. Les résultats sont attendus à la mi-journée ce lundi et Liz Truss peut devenir demain la troisième femme première ministre britannique après Margaret Thatcher et Theresa May.
Le prochain chef du gouvernement est très attendu au cœur d’un Royaume-Uni en difficulté aux prises avec la flambée des factures de l'électricité qui étrangle les ménages, les écoles, les hôpitaux ou encore les entreprises. S’enchaînent aussi les grèves conflits sociaux, comme jamais depuis la fin des années 70 et la gouvernance de Margaret Thatcher.
Deux candidats aux parcours parallèles
Liz Truss et Rishi Sunak sont tous les deux diplômés d'Oxford en philosophie politique et économique. Mais Richie Sonnac est banquier. Il a été ministre des Finances de Boris Johnson depuis février 2020 et il a géré la pandémie. Il a démissionné du gouvernement le 5 juillet 2022. C'est lui qui paradoxalement est arrivé en tête au cours des votes des députés. Liz Truss était en deuxième position. Cependant, c'est la grande favorite des 170 000 membres du Parti conservateur. «Elle fait figure de personnalité directe, authentique et crédible et soucieuse des autres», explique Sophie Loussouarn, professeure de Civilisation britannique à l’Université de Picardie. A 47 ans, Liz Truss a été ministre à plusieurs reprises dans les gouvernements de David Cameron, de Theresa May et de Boris Johnson. Elle a occupé des postes importants de ministre de l'Éducation, de ministre du Budget et, depuis l'an dernier, ministre des Affaires étrangères.
Programme pas totalement défini
Liz Truss n'a pas annoncé de mesures très précises pour lutter contre la crise économique, mais elle souhaite annoncer de nouvelles mesures avant la fin du mois de septembre, dont un budget d’urgence. L'enjeu sera de rétablir la confiance des Britanniques, qui sont désabusés par leurs hommes et leurs femmes politiques. Mais la crise économique, qui n’est pas sans faire penser à celle des années 1970, avec une augmentation de 80 % des prix de l'énergie à partir du mois d'octobre 2022 et des mouvements de grève qui ont été amorcés depuis juin 2022 pour protester contre l'augmentation du coût de la vie.
Liz Truss veut réduire les impôts, notamment l'impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, diminuer les cotisations sociales et lutter contre les mouvements de grève, en les rendant plus difficiles et en imposant un service minimum.
L’impact de Boris Johnson sur le parti conservateur
La défaite de Boris Johnson a contribué à la chute des Tories, affirme Sophie Loussouarn. Les conservateurs ont perdu dix points par rapport au Parti travailliste, et aujourd’hui le Parti conservateur aurait du mal à remporter une élection législative. L’universitaire développe et fait remarquer que pour l’opinion publique britannique, Boris Johnson est apparu comme une personnalité qui a manqué d'honnêteté et qui a menti sur le respect des règles pendant le confinement. La tâche de Liz Truss, si elle est confirmée première Ministre, si les conservateurs veulent avoir une chance de gagner les prochaines législatives de 2024, sera d’abord d’unir le Parti conservateur. Dans l’opinion, son rival au sein du parti bénéficie d’une plus grande cote de popularité. Rishi Sunak serait en l’état actuel des choses, mieux à même de remporter une élection législative.
L’étendue des conflits sociaux
La grève a commencé dans les chemins de fer et dans le métro londonien le 6 juin, après le jubilé de platine de la reine. Il s'est étendu aux dockers au mois d'août, puis également aux postiers et aux éboueurs fin août. Les syndicats durcissent le ton. «La grève menace de s'étendre aux secteurs de l'éducation et de la santé, avec des conséquences terribles pour le fonctionnement du pays» ajoute Sophie Loussouarn, qui conclut: «ces mouvements sociaux sont nés d'une forte augmentation de l’inflation. Et d'une absence de réponse de la part du gouvernement de Boris Johnson, qui a laissé ses successeurs gérer la crise du coût de la vie».
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