Haïti divisée entre le besoin d’une intervention et la peur d’une ingérence
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
L’insécurité et la colère est montée d’un cran début septembre sur l'île caribéenne, avec la décision du premier ministre Ariel Henry d’augmenter de près de 130% le prix de l’essence, et de 90% celui du kérosène et du diesel. Par ailleurs, la hausse du dollar, l’inflation généralisée et les pénuries alimentaires accentuent la crise économique qui sévit en Haïti.
Des manifestations contre la vie chère et l’insécurité ont eu lieu dans plusieurs villes; manifestations sanglantes, émaillées de violences et de pillages. «Les esprits sont excités, la désinformation fait rage, les gangs armés sont utilisés a toutes fins, les politiciens ne pensent qu’a eux-mêmes», témoigne une voix d’Église qui préfère rester anonyme, pour préserver sa sécurité, «le peuple n’en peut plus», «Haïti a besoin d’un appui armé».
Afin de ramener l’ordre, le Premier ministre appelle donc au déploiement d’une force armée internationale, pour soutenir la police locale, incapable d’affronter les gangs. Son appel a été relayé de façon pressante par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui exhorte à des «efforts internationaux visant à renforcer le soutien à la PNH (la police nationale d’Haïti) et doivent avoir pour objectif de réduire la capacité des gangs armés à bloquer l'accès aux infrastructures stratégiques et à mener des attaques contre celles-ci, ainsi qu'à menacer les moyens de subsistance des communautés».
Mais sur place, une partie de la population refuse une nouvelle intervention étrangère, qui réveille le spectre des multiples ingérences qui ont fait l’histoire torturée d’Haïti, comme nous le rappelle Frédéric Thomas, chargé d’études au Cetri, ONG basée en Belgique et docteur en sciences politiques.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici