Le cardinal Zen condamné à une amende pour avoir défendu des manifestants à Hong Kong
Le cardinal Joseph Zen, 90 ans, évêque émérite du diocèse de Hong Kong de 2002 à 2009, a été condamné à une amende d'environ 500 dollars.
Le "612 Humanitarian Relief Fund", un fonds -aujourd’hui dissous- créé pour aider à payer les frais juridiques et médicaux des militants pro-démocratie de 2019, n’a pas été enregistré correctement auprès des autorités, estime ce vendredi un tribunal de Hong Kong.
Le cardinal en était l’un des administrateurs. Il a été reconnu coupable, tout comme cinq autres responsables du "612 Humanitarian Relief Fund". L’avocate Margaret Ng, l'ancien député Cyd Ho, la chanteuse Denise Ho, le professeur Hui Po-keung ont été condamnés à la même amende que le cardinal Zen, tandis que Sze Ching-wee, le secrétaire du fonds, a été condamné à une amende moins élevée.
Tous avaient plaidé non coupables. Aucun n’avait témoigné, ni appelé de témoins à la barre lors de ce procès qui a duré deux mois. On ne sait pas s’ils feront appel.
Condamnés conformément à la loi sur la sécurité nationale
La Loi sur la sécurité nationale promulguée par Pékin en juin 2020, après une année de manifestations contre l’influence de Pékin dans l’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, oblige toute organisation à s'enregistrer auprès de la police au moins un mois avant sa création. Les groupes formés «exclusivement à des fins religieuses, charitables, sociales ou récréatives» peuvent être exemptés de cette exigence.
Pour la justice, le "612 Humanitarian Relief Fund" devait être enregistré comme une organisation de nature politique, fondée et dirigée par plusieurs personnes, a déclaré dans son jugement la magistrate principale du tribunal qui s’est prononcé ce vendredi 25 novembre à Hong Kong. Ada Yim a affirmé que le fonds «avait des objectifs politiques et n'a donc pas été créé uniquement à des fins caritatives».
Si ce vendredi, aucun des accusés n’a été condamné à une peine de prison, les autorités pourraient encore prendre d'autres mesures à leur encontre. La police enquête toujorus sur une accusation de «collusion avec des forces étrangères», l’une des quatre infractions prévues par la loi sur la sécurité nationale. Un crime passible, s'il est reconnu, d'une peine de prison à vie.
Arrestation en mai 2021
Quelques mois après avoir été accusé par des journaux de Hong Kong d'inciter les étudiants à se rebeller en 2019 contre une série de mesures gouvernementales, le cardinal salésien a fait l’objet d’une enquête de la justice, qui s’est ouverte en septembre 2021, dans le cadre de ses fonctions au sein du 612 Humanitarian Relief Fund. Le cardinal avait ensuite été arrêté avec les quatre autres administrateurs du fonds le 10 mai par des agents de la police chargée de veiller à la sécurité nationale de la Chine. Le chef d'accusation, porté par le tribunal de West Kowloon, était «collusion avec des forces étrangères». Tous, à commencer par le cardinal de 90 ans, ont été libérés sous caution quelques heures plus tard au poste de police de Wan Chai après interrogatoires.
Le 11 mai, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, avait déclaré: «Le Saint-Siège a appris avec inquiétude la nouvelle de l'arrestation du cardinal Zen et suit avec une extrême attention l'évolution de la situation».
La première audience du procès a eu lieu le 19 septembre; la procédure s'est terminée le 23 du même mois. Pendant tout ce temps, le cardinal Zen -très actif sur les médias sociaux- est resté silencieux: via ses comptes, il a demandé à ses abonnés de prier pour lui. Par le passé, le cardinal s'était également exposé personnellement pour avoir critiqué le Parti communiste chinois, dénonçant les pressions et les persécutions sur les communautés religieuses.
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