Rapport Caritas France: la pandémie a fragilisé les plus précaires
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Le Secours Catholique-Caritas France a publié ce jeudi 17 novembre son rapport annuel sur la pauvreté. Intitulé "enquête sur les budgets des plus précaires", il se base sur une enquête statistique récoltant les données d’un échantillon de 8700 ménages accueillis par les équipes de l’association sur tout le territoire. L'étude étudie les profils et les budgets des ménages en situation de précarité rencontrés avant la crise sanitaire (de juin 2019 à février 2020), un an après (de juin 2020 à février 2021) puis deux ans après son émergence (de juin 2021 à février 2022).
L'an dernier, près d'un million de personnes ont été accueillies par les bénévoles du Secours catholique, dont la moitié était des enfants. «La première demande est une demande d’écoute et de demande d’accompagnement», confie Véronique Devise, présidente du Secours catholique qui rappelle que pendant la pandémie, «il ne restait que 5 euros par personne et par jour pour vivre». Face à cette précarité grandissante, les personnes mettent en place des stratagèmes pour survivre, comme cette femme qui a confié ne faire tourner son lave-linge qu'une fois par mois pour économiser l’électricité.
«Chaque jour les personnes font des économies là où elles peuvent, poursuit Véronique Devise, cela veut dire qu’elles finissent par ne plus avoir de vie sociale. Quand vous avez froid chez vous ou que votre intérieur n’est pas accueillant, vous ne recevez plus personne».
Une interpellation des pouvoirs publics
Parmi les autres tendances du rapport, le vieillissement de la population dans le besoin. Si l'âge médian des personnes aidées est de 41 %, la part des plus de 60 ans représentent désormais 12% contre seulement 7% l'an passé. Le rapport du Secours catholique souligne également la précarisation des étrangers, qui ne cesse de croître depuis dix ans.
Fort de cette photographie concrète de la pauvreté en France, l'ONG catholique dresse comme à son habitude des recommandations aux pouvoirs publics. Il s'agit avant d'abord d'avoir une perception juste de la précarité. Trop souvent, «le taux de pauvreté monétaire est trop centré sur les ressources et insuffisamment sur le coût de la vie et les privations qui en découlent», relève ainsi le rapport, reprenant un rapport sénatorial sur la paupérisation de la société de septembre 2021.
Pour répondre, il s'agit en effet de bien cibler les politiques. «Au total, notre étude est porteuse d’un enseignement positif, souligne le Secours Catholique, les politiques publiques ont la capacité de cibler les ménages repérés comme à risque d’être étranglés financièrement. Autrement dit, une politique volontariste pourrait éliminer la grande pauvreté dans notre pays».
Mais au moment où l'inflation pèse sur les ménages les plus fragiles, (une inflation non prise en compte dans le rapport, ndlr), à commencer par la nourriture (+12% pour les mois d'octobre), l'heure est plutôt à l'inquiétude concernant les mois à venir.
«Concernant l’augmentation du RSA, on est inquiets, explique Véronique Devise, ce n’est pas tout à fait la politique du gouvernement qui se concentre sur l’emploi. Si l’on peut faciliter l’emploi pour les gens aux chômage, c’est très bien, mais il faudra aider les familles les plus pauvres».
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