Accord entre Israël et la Jordanie pour protéger le Jourdain
Vatican News (avec AsiaNews)
Alors que les participants à la COP27 peinent à définir des engagements communs, deux d’entre eux sont en revanche tombés d’accord sur une «déclaration d’intention». Israël et la Jordanie ont signé jeudi 17 novembre à Charm-el-Cheikh ce document concernant le fleuve Jourdain, qui sert en partie de frontière entre les deux territoires.
Un plan encore flou
Les détails de cet accord ne sont pas encore connus, ni la manière dont les deux gouvernements entendent travailler ensemble pour sauver le cours d’eau. Toutefois, les premières informations divulguées par Israël révèlent une intention commune de «tenter de réduire» sa pollution, en construisant des stations d'épuration des eaux usées et en améliorant les systèmes d'égouts. L'objectif est d'empêcher les villes situées le long du fleuve de déverser des eaux usées brutes dans ses eaux.
La déclaration d’intention vise également à promouvoir l'agriculture durable, en contrôlant le ruissellement des champs agricoles et en réduisant l'utilisation des pesticides. «Le nettoyage des polluants, la restauration du flux d'eau et le renforcement des écosystèmes naturels nous aideront à nous préparer et à nous adapter à la crise climatique», a déclaré Tamar Zandberg, ministre de la protection de l'environnement, à l’occasion de la signature de ce plan.
Un pas essentiel
Côté jordanien, l'agence officielle Petra (Jordan News Agency) met en avant le potentiel accroissement de l'approvisionnement en eau et la création d'emploi «pour les personnes vivant des deux côtés du Jourdain, y compris les Palestiniens». L'accord a été salué par EcoPeace Moyen-Orient, un groupe environnemental transfrontalier qui encourage la coopération israélo-jordanienne-palestinienne sur les questions liées à l'eau. Dans une note, il explique qu'il s'agit d'une «mesure d'adaptation climatique essentielle qui peut contribuer à rétablir 50 % de la biodiversité perdue en raison de décennies de pollution et de détournement de l'eau douce».
Ces derniers jours, toujours lors de la COP27, les deux pays ont renouvelé l'accord «énergie contre eau», par lequel la Jordanie fournit de l'énergie solaire à Israël en échange d'eau potable au royaume hachémite.
Des différends anciens
Depuis des décennies, la question de la protection du Jourdain, fleuve à forte valeur symbolique et politique, fait l'objet de débats internationaux. La situation d'urgence a été exacerbée par le changement climatique qui a accéléré le processus d'évaporation, mais aussi par la pression démographique et des prélèvements en amont, qui ont fortement réduit le débit du fleuve, s’élevant aujourd’hui à 7% de ce qu’il était auparavant.
Dès les années 1960, Israël, la Jordanie et la Syrie ont commencé à détourner le cours du Jourdain, utilisant environ 95% de son débit pour recueillir de l'eau potable et répondre aux besoins en eau des secteurs agricole et industriel. L'État hébreu a longtemps puisé à lui seul environ 60% de l'eau, avec des conséquences dramatiques pour la mer Morte et toute la région. Le niveau du lac salé baisse actuellement d’environ un mètre par an.
La Jordanie démontre quant à elle les conséquences néfastes d’un certain type d’agriculture. Ainsi, dans les plaines de Deir Alla se dressent des milliers de serres qui produisent fruits et légumes pour tout le pays. L’agriculture n’est possible sur ces sols très secs qu’avec une irrigation intensive, fournie par le canal du roi Abdallah. L’ouvrage détourne une grande partie des eaux du principal affluent du Jourdain, le Yarmouk.
La coopération en matière d'eau constitue un élément clé du traité de paix de 1994 entre Israël et la Jordanie, mais les relations distantes entre les deux pays au cours des dernières décennies ont compliqué les efforts visant à augmenter l'approvisionnement en eau du Jourdain.
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