La COP27 s’achève sur un manque d’ambition caractérisé
Jean-Charles Putzolu (avec agences) – Cité du Vatican
Deux semaines de travaux intenses pour un résultat mitigé. Jouant les prolongations, les délégations participantes ont adopté deux documents dimanche matin 20 novembre: une déclaration finale et une résolution sur les compensations financières des dégâts causés par les bouleversements climatiques dans les pays les plus vulnérables
La déclaration finale renouvelle «le besoin urgent de réductions immédiates, profondes, rapides et soutenues des émissions mondiales de gaz à effet de serre». Elle confirme le maintien des objectifs de «l’accord de Paris pour contenir l'augmentation de la température moyenne nettement en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et poursuivre les efforts pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°C».
Les énergies fossiles peu sanctionnées
Pour ce faire, le texte appelle à «accélérer les efforts vers la réduction progressive de l'utilisation du charbon», ainsi que «la suppression des subventions inefficaces aux combustibles fossiles» à la faveur d’un développement plus rapide des énergies renouvelables.
La déclaration finale, cependant, ne fait pas mention d’une réduction de l'utilisation du pétrole et du gaz. Une absence regrettée par plusieurs pays et qui a fait regretter à Antonio Guterres le manque d’ambition de la COP27 pour une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Un fonds pour les pertes et dommages
En matière de compensation économique aux pays qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique, un accord a été trouvé pour les aider à faire face au préjudice et un fonds spécial sera créé. Mais il faudra attendre la prochaine COP28, fin 2023, pour une éventuelle adoption. La COP27 se limite en effet à mettre en place un «comité de transition» qui devra définir les règles de fonctionnement de la nouvelle structure.
Réactions mitigées
Outre les regrets du secrétaire général de l’ONU pour lequel la COP27 n’a pas pris d’engagements suffisamment pour «reconstruire la confiance brisée», les déceptions sont nombreuses. «Un pas en avant trop court», juge le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Pour la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, «le monde perd un temps précieux sur la trajectoire de 1,5 degrés». La ministre française de la transition énergétique est plus sévère encore. Agnès Pannier-Runacher estime qu’aucune avancée n'a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. «C'est une vraie déception», regrette-t-elle tout en saluant la future mise en place d’un fonds pour les pertes et dommages qui, commente-t-elle, «répond aux attentes des pays les plus vulnérables». Ce fonds est «une étape décisive», estime la représentante pakistanaise Sherry Rehman, dont le pays a subi des inondations sans précédent qui ont provoqué la mort de plus de 1700 personnes. Sherry Rehman a toutefois précisé au cours des échanges que ce fonds ne devra pas être une œuvre de charité, mais bien un «un acompte sur l'investissement à plus long terme dans notre avenir commun et un investissement dans la justice climatique».
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