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Sommet de la Francophonie à Djerba, les 19 et 20 novembre 2022. Sommet de la Francophonie à Djerba, les 19 et 20 novembre 2022.  Les dossiers de Radio Vatican

Sommet de la Francophonie: le français face au défi d’internet

Le XVIIIe sommet de la Francophonie a lieu les 19 et 20 novembre sur l'île tunisienne de Djerba avec comme thème «Le numérique, vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone». Pour les pays francophones, l’accès à internet dans leur langue est essentiel pour le développement économique et culturel.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Dans le paysage linguistique d’internet, l’arbre anglophone cache la forêt multilingue. Forêt dans laquelle la présence de la langue française régresse. Non pas tant parce qu’elle diminue en terme absolu mais parce que les autres langues progressent davantage. Pourtant, le français demeure le quatrième idiome utilisé sur la Toile, à égalité plus ou moins avec le russe, le portugais, l’hindi et l’arabe. La cause de ce recul dont l’Organisation internationale de la Francophonie a bien conscience, c’est la fracture numérique dans les pays africains. Or, «le français a une promesse extraordinaire dans le futur», estime Daniel Pimienta, responsable de l’Observatoire de la diversité linguistique et culturelle dans l’internet, promesse qui s’appuie sur les perspectives démographiques du continent africain, et notamment de ses pays francophones.

Entretien avec Daniel Pimienta, responsable de l’Observatoire de la diversité linguistique et culturelle dans l’internet

Pour réduire cette fracture numérique, essentielle pour ces populations indépendamment de leur langue, «il faut impliquer le secteur privé et notamment les entreprises de télécommunication», affirme celui qui observe internet depuis sa création. Ce n’est pas une mission impossible quand on regarde «les mondes asiatique et arabe», «qui ont vaincu cette fracture dans les cinq ou dix dernières années», précise Daniel Pimienta.

Multiples enjeux

Pour la langue française, «les enjeux sont extraordinaires» des points de vue culturel, et linguistique, mais aussi économique, justifie le responsable de l’Observatoire. Le commerce électronique représente en effet aujourd’hui 20% du commerce global et la tendance ne fait que se renforcer année après année. Or, «les consommateurs achètent dans leur langue, ils ne sont pas prêts à acheter des produits dans une langue étrangère», explique-t-il. Par conséquent, «si une langue n’est pas présente dans l’internet, elle va perdre des segments de marché dans le commerce. Ce n’est pas un détail», poursuit-il.

Les enjeux culturels sont également essentiels d’autant que l’évolution des algorithmes des moteurs de recherche sur internet fait que les pages les plus intéressantes sur des sujets scientifiques ou culturels ne sont plus nécessairement référencés ou visibles. Les Québécois ont inventé le mot de «découvrabilité», c’est-à-dire l’étendue de la visibilité d’une page, se félicite Daniel Pimienta. Un vrai défi dans un environnement numérique dominé par les réseaux sociaux qui font d’internet un outil «de buzz, de bruit, dans lequel être présent et être visible ce n’est plus contribuer à la connaissance générale dans le monde mais contribuer au bruit, à la haine, voire au racisme dans le monde», regrette-t-il.

Promouvoir le français et les langues africaines

Dans un monde en constance évolution, où internet prend de plus en plus de place, le développement de la langue française sur le Net peut également aider au développement des pays francophones «si les francophones se préoccupent des langues partenaires, c’est-à-dire des langues locales africaines», considère le directeur de l’Observatoire de la diversité linguistique et culturelle dans l’internet. Les locuteurs de ces langues sont en effet largement sous-représentés sur internet. Et cela passe, une fois de plus, par la résorption de la fracture numérique sur le continent. «Dans le monde à venir qui est celui du multilinguisme, il est très important d’avoir sa place dans le monde virtuel. Il n’y a pas un monde virtuel d’un côté et un monde virtuel de l’autre, c’est un continuum et aujourd’hui, la présence dans le monde virtuel conditionne la présence dans le monde réel», conclut Daniel Pimienta.

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18 novembre 2022, 15:39