Affrontements entre manifestants et policiers au Pérou
Vatican News
Ce devait être l’occasion de prier pour le don de la paix, et pour leurs compatriotes. La célébration eucharistique prévue ce vendredi au sanctuaire des Nazaréens, à Lima, à l’issue de la 124e assemblée plénière de l’épiscopat péruvien, a été reportée par les évêques des 46 juridictions ecclésiastiques du pays, afin de permettre au plus grand nombre de fidèles d’y participer. Cela ne semblait pas possible pour des questions d’ordre public au lendemain de manifestations, émaillées de violences dans la région de Puno et dans la capitale.
Le 19 janvier, des milliers de Péruviens sont arrivés sur place pour «prendre Lima», conformément à une invitation lancée par diverses organisations civiles demandant que les élections soient avancées à cette année, au lieu de 2024. Les protestataires - des communautés indigènes, des étudiants de l'Universidad Nacional Mayor de San Marcos et des membres de la Confederación General de Trabajadores del Perú, qui est l'une des principales organisations syndicales du pays- réclament la démission de la président Dina Boluarte, la libération de l’ancien chef d’État Pietro Castillo, mais aussi la fermeture du Congrès et la mise en place d’une assemblée constituante pour changer la Constitution. De nombreux manifestants étaient vêtus de drapeaux péruviens et du wiphala, souvent porté par des communautés indigènes.
Avec son lots de marches et de barrages routiers, la grève nationale anti-gouvernementale a touché 27% du territoire. A Lima, des premiers affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu. La police nationale péruvienne (PNP) avait déployé un contingent de plus de 10 000 hommes et des chars.
Plus de 55 décès depuis le 7 décembre
Les incidents se sont produits dans plusieurs rues du centre, notamment à Jiron Azángaro, à proximité du siège du ministère des Affaires étrangères et du bureau du médiateur, et sur l'avenue Abancay, qui mène au Congrès. À ces endroits et à d'autres, la police a dispersé les manifestants à l'aide de grenades lacrymogènes, tandis que ces derniers leur jetaient des pierres.
Les protestataires accusent les membres du gouvernement d'être responsables des 55 décès survenus dans le cadre des manifestations, des 1000 blessés et de violations présumées des droits de l'homme, qui font l'objet d'une enquête.
Face à cette tension, les cours ont été suspendus dans les universités et il a été demandé aux entreprises de faciliter le travail à domicile afin de limiter le transit de civils dans les rues de Lima. De son côté, le ministère de la Santé a déclaré l'alerte rouge dans les différents centres de santé du pays, conscient de la probabilité que les manifestations s'étendent à d'autres villes.
Ni démission, ni impunité
Cependant, la présidente Dina Boluarte a affirmé sans ambages qu'elle ne démissionnerait pas, exhortant les manifestants à exprimer leur mécontentement de manière pacifique et réitérant sa volonté de dialogue, précisant qu'elle ne peut pas évoquer des questions telles que la dissolution du congrès ou la réforme de la Constitution, car ces questions ne relèvent pas de sa compétence en tant que présidente péruvienne.
«Mon engagement est envers le Pérou, pas envers ce petit groupe qui saigne le pays à blanc», a déclaré Dina Boluarte. La présidente a assuré que les actes violents survenus dans le cadre des manifestations ne resteront pas impunis.
Appel à la solidarité de la Caritas
«A la Caritas, nous avons suivi de très près la situation du pays ces dernières semaines. Celle-ci s’est aggravée de manière à cause du conflit. Les manifestations sont devenues pratiquement incontrôlables dans la capitale. Hier ce fut une journée particulièrement critique mais notre mission est de nous concentrer sur l’aide humanitaire, de veiller au bien-être des personnes, indépendamment de leur croyance ou de leur comportement. Nous sommes là pour être solidaires et c’est le message dont nous témoignons, en accompagnant chacun selon nos possibilités.
La situation du pays est complexe mais nous sommes engagés à trouver des points d’unité et de communion et non de divergence. Nous nous sommes également engagés à favoriser des rencontres pour aider celui qui souffre afin qu’il puisse se relever. Notre mission fondamentale consiste à rendre les personnes solidaires les unes des autres.
La Commission interaméricaine des droits de l'homme
Dans un tweet, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a exhorté le gouvernement à garantir le droit à la protestation pacifique lors des manifestations sociales. Il a également condamné la violence provoquée tant par les forces de sécurité que par les manifestants lors des protestations anti-gouvernementales.
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