Mgr Marchiante: l'arrestation de Messina Denaro ne met pas fin à la mafia
Alessandro Guarasci - Cité du Vatican
En Italie, des institutions aux organismes sociaux, en passant par l’Église, tous expriment ce lundi 16 janvier leur satisfaction après l'arrestation par cent carabiniers du chef mafieux Matteo Messina Denaro dans une clinique où il devait subir un cycle de chimiothérapie.
L’homme surnommé «le patron» a été condamné à la prison à vie pour des dizaines de meurtres, dont celui du petit Giuseppe Di Matteo, pour les massacres de 1992 qui ont coûté la vie aux juges Falcone et Borsellino, et pour les attentats de 1993 à Milan, Florence et Rome. L'arrestation de Messina Denaro, ancien fidèle du patron historique de Cosa Nostra, Totò Riina, clôt symboliquement une phase de Cosa Nostra et pourrait ouvrir la possibilité de nouvelles vérités historiques et judiciaires sur les années de massacres perpétrés par Cosa Nostra.
Son arrestation est «une grande victoire pour l'État, qui montre qu'il ne capitule pas face à la mafia», a commenté la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, qui s’est rendue à Palerme où elle rencontrera le procureur du district, les magistrats qui ont coordonné l'enquête et les carabiniers qui ont procédé à l'arrestation. Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a appelé le ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi, pour le féliciter.
Une main d'œuvre encore active
Si Mgr Giuseppe Marciante exprime également sa satisfaction, l'évêque de Cefalù appelle à la «vigilance» et à poursuivre le travail pour éliminer «la main d’œuvre de la mafia» en Sicile.
«Nous pouvons comprendre la signification historique de cette arrestation et pour cela je voudrais vraiment féliciter les carabiniers et les procureurs qui ont dirigé l'opération mais si quelqu'un comme Matteo Messina Denaro reste caché pendant tant d'années, cela signifie qu'il est bien protégé», explique Mgr Marciante. «Cela signifie que la mafia est toujours vivante, il n'est pas vrai qu'elle est en sommeil ou quelque chose comme ça, donc nous ne devons jamais baisser la garde».
Pour l’évêque de Cefalù en charge des problèmes sociaux, du travail, de la justice, de la paix et la sauvegarde de la création en Sicile, il ne faut pas en rester là. Il estime nécessaire de «supprimer la main-d'œuvre de la mafia, car elle prend racine là où il y a du chômage». Or, note-t-il, «la Sicile est en train d'être dépeuplée par les jeunes et nous devons travailler pour que les jeunes aient un avenir, mais cela doit venir de la société civile, de l'État. Je pense que nous devons prendre le terrain à la mafia, c'est le seul moyen de la vaincre. En bref, nous avons besoin de politiques sérieuses pour le travail, et je suis encore sceptique aujourd'hui».
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