Iran-Arabie saoudite: une normalisation est-elle possible?
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Depuis 2016, les relations diplomatiques sont officiellement rompues entre l’Iran et l’Arabie saoudite, après l’exécution par Riyad d’un cheikh saoudien de confession chiite. Le religieux était accusé de soutenir le terrorisme. En réaction des Iraniens avaient attaqué l’ambassade saoudienne à Téhéran. Le royaume avait alors accusé la République islamique de «parrainer le terrorisme». Le rappel commun de leurs ambassadeurs avait aussi conduit à la rupture des relations entre l'Iran et plusieurs pétromonarchies du Golfe.
La rivalité entre Téhéran et Riyad ne cesse depuis des décennies de structurer la géopolitique du Proche et Moyen-Orient, en témoigne en particulier la guerre au Yémen qui depuis 2014 oppose les deux axes. L’Iran y soutient en effet les rebelles chiites Houthis tandis que le royaume saoudien parraine le gouvernement de Sanaa, à la tête d’une coalition de puissances sunnites. Mais ces derniers mois ont été marqués par de nombreuses déclarations d'apaisement et des rencontres billatérales, faisant espérer une reprise des relations diplomatiques, comme cette rencontre organisée à Bagdad en avril 2022.
L'impact de la révolte iranienne
Les relations bilatérales entre le régime des mollahs et la monarchie wahabite est à lire aussi au prisme des bouleversements géopolitiques dans la région. En octobre dernier par exemple, le commandant des Gardiens de la Révolution, a lancé un «avertissement» à la famille Saoud, lui reprochant sa trop grande proximité avec Israël. Depuis quatre mois par ailleurs, l'Iran est en effet secoué par une révolte populaire sans précédent et son isolement au sein de la communauté internationale s'accroît en raison des sanctions. «En novembre dernier, Téhéran a expliqué que la révolte interne était fomentée de l’extérieur sous-entendant que Ryad était pour partie responsable» confie David Rigoulet-Roze, docteur en sciences politiques, spécialiste de la péninsule arabique.
Le 13 janvier, Hossein Amir-Abdollahian, le chef de la diplomatie iranienne, en visite à Beyrouth, a appelé de ses voeux à une normalisation des relations entre les deux puissances. Le ministre précisait que si ce réchauffement devait avoir lieu, il se matérialiserait par la réouverture des consulats iranien à Jeddah (Arabie saoudite) et saoudien à Machhad côté iranien. Quel crédit donner à ces propos ? Une réconciliation entre Riyad et Téhéran est-elle véritablement envisageable ? L'éclairage de David Rigoulet-Roze.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici