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La campagne électorale bat son plein avant les élections générales du 25 février prochain. La campagne électorale bat son plein avant les élections générales du 25 février prochain. 

Nigeria: le nonce appelle l’État à protéger l'ensemble des citoyens

Après le meurtre du père Isaac Achi dans le diocèse de Minna, Mgr Antonio Guido Filipazzi interpelle les membres du gouvernement et de l’administration qui, les premiers, doivent assurer la sécurité de chaque citoyen, sans distinction. Le pays en proie au terrorisme, aux affrontements ethniques et au crime organisé est d’autant plus instable qu’approchent les élections.

Entretien réalisé par Antonella Palermo – Cité du Vatican

Dimanche à l’aube, des bandits ont pris pour cible la résidence paroissiale de l'église Saints-Pierre-et-Paul à Kaffin-Koro, dans l’Etat de Niger. Le père Isaac Achi a été brûlé vif ; le père Collins Omeh, vicaire, a été blessé par balle en tentant de s'échapper. Au lendemain de cette nouvelle agression, nous avons joint le nonce apostolique au Nigeria, Mgr Antonio Guido Filipazzi.


Quel est votre état d'esprit face à la brutalité de cet épisode ?

Il est certain qu'une nouvelle comme celle-ci entraîne toujours une grande douleur, une douleur ressentie en particulier par les catholiques, par l'Église en général ici au Nigéria parce que, précisément, un prêtre a été victime de cet acte de violence. Nous devons également dire qu'il n'est pas le premier prêtre à être tués dans de similaires attaques. On peut relater des détails particulièrement odieux, mais je souhaiterais relater un aspect édifiant, à savoir que les deux prêtres, alors qu'ils avaient déjà été blessés et que la maison était sur le point d'être incendiée, se sont confessés l'un à l'autre en se préparant à la mort. L'un d'eux est mort et l'autre, heureusement, est en train de se rétablir. Et donc, même dans les ténèbres de la haine et de la douleur, il y a cette foi qui est plus forte que la mort. Cela n'enlève toutefois rien à la gravité et à la douleur de cet épisode.

Connaissiez-vous personnellement ces personnes ?

Non, je ne les connaissais pas. Je les ai peut-être rencontrés parce que j'ai visité le diocèse de Minna deux ou trois fois, et à chaque fois, bien sûr, il y a tellement de prêtres qui viennent, et il est alors difficile de garder un souvenir clair de chacun. J'ai gardé le contact avec l'évêque, en particulier l'évêque auxiliaire, qui s'est immédiatement rendu sur place et a également recueilli les témoignages du prêtre qui s'est échappé et d'un jeune homme qui travaillait dans la maison paroissiale et qui a donc tout vu.

Qu'est-il ressorti de ces premiers témoignages ?

La dynamique des événements ne fait guère de doute: on a l'impression qu'il y avait une volonté d'éliminer ce curé à tout prix. Maintenant nous devons comprendre pourquoi, qui voulait cela, et ainsi de suite.....

Votre Excellence, pensez-vous que des faits comme celui-ci peuvent parfois se prêter à une interprétation simpliste ou partielle ?

Oui, cela nous est arrivé parfois. Même moi, j'ai dû intervenir pour rectifier le tir. Car nous devons tenir compte de deux aspects: le premier est que des épisodes de violence comme celui-ci sont à l'ordre du jour et impliquent de nombreuses personnes qui ne sont ni prêtres, ni catholiques. Et si nous sommes certainement attentifs lorsque ce sont des prêtres ou des religieux qui sont les victimes, nous ne devons pas oublier que ceux qui souffrent et perdent la vie sont bien plus nombreux. Et puis, l'autre aspect qui me semble important, c'est que chaque cas doit être examiné séparément pour comprendre qui et pourquoi ils ont fait cela. Nous ne pouvons pas généraliser en affirmant que parce que cela se passe au Nigeria, alors il s'agit d'une persécution religieuse contre les chrétiens.

De tels actes ont-ils pour objectif de saper le lien communautaire construit dans les églises ?

Je ne vois aucun signe que ces actions servent à détacher les gens de l'Église. Au contraire, c'est peut-être le contraire, car c'est alors l'Église qui apporte aide et réconfort dans ce genre de situation.

Quelle est la source de la forte instabilité dans le pays ?

Tout d'abord, nous sommes à quelques semaines d'élections importantes qui désigneront un nouveau président pour diriger ce grand pays, et les élections sont toujours synonymes d'instabilité. Ensuite, le pays étant si grand, il y a divers facteurs qui conduisent à la violence: pensez au terrorisme, pensez aux affrontements ethniques, pensez au crime organisé... Tout cela aussi dans un contexte économique qui n'est certainement pas florissant. Si nous mettons tous ces aspects ensemble, nous pouvons voir à quel point la situation est grave.

Et qui en souffre le plus ?

Il est évident que ceux qui souffrent le plus sont les personnes les plus exposées: à la fois parce qu'elles n'ont aucune possibilité de se protéger et parce qu'elles vivent dans des zones plus défavorisées, moins protégées. Mais je dirais que la violence est aveugle. Lorsque qu’elle éclate, elle ne regarde personne en face et frappe dans tous les secteurs de la société. Elle frappe tous les milieux et toutes les confessions.

Quel est votre espoir ?

Je crois que nous devons espérer et prier pour que, tout d'abord, les Nigérians soient conscients qu'ils sont les premiers à devoir réagir à cette situation, que leur État doit être un État capable de protéger les droits et les biens de tous les citoyens, sans distinction. Tel doit être l'objectif de chacun: créer un État capable de remplir cette mission. Et c'est certainement la tâche de chacun, à commencer par ceux qui ont la responsabilité du gouvernement et de l'administration.

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17 janvier 2023, 17:10