Le Nigeria, englué dans un marasme économique, élit un nouveau président
Marine Henriot, avec agences – Cité du Vatican
Les Nigérians votent samedi 25 février pour élire le prochain président du pays le plus peuplé d'Afrique, lors d'un scrutin à l'issue incertaine, sur fonds de grave crise économique et sécuritaire. A 80 ans, le président Muhammadu Buhari se retire comme le veut la Constitution après deux mandats marqués par une explosion de l'insécurité et de la pauvreté dans ce pays où 60% de la population a moins de 25 ans.
Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le Nigeria pourrait connaître une présidentielle à deux tours alors que la popularité d'un ex-gouverneur vient bousculer la prédominance des deux principaux partis.
Un rendez-vous crucial
Le Nigeria, 216 millions d'habitants, devrait devenir en 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, tandis que l'Afrique de l'Ouest est menacée par un fort recul démocratique et la propagation de violences jihadistes. Le futur président héritera d’une situation sécuritaire et économique extrêmement précaire.
Selon Benjamin Augé, chercheur associé au programme Afrique subsaharienne à l’IFRI (l'Institut Français des Relations Internationales), le président sortant laisse un bilan pour le moins négatif, notamment sur le plan économique, tandis que le Nigeria est le premier producteur de pétrole du continent africain. «Le secteur pétrolier est dans une situation extrêmement dégradée, note le chercheur, depuis la fin des années 90 mais de manière encore plus importante depuis une dizaine d’années avec une chute de la production de pétrole du fait de problèmes sécuritaires et du fait d’un manque d’investissement de la plupart des grosses majors qui attendaient une loi qui a pris plus de 15 ans à être votée».
En effet, la loi sur l’industrie pétrolière a sans cesse été décalée pour enfin être adoptée en 2021, créant un «attentisme généralisé» note Benjamin Augé, «Mais la confiance est tellement dégradée entre les partenaires privés et l’Etat que cela va prendre du temps avant que les investissements promis ne soient effectués». A cause de ce climat d’incertitudes, entre 500 000 et 800 000 barils par jour ne sont pas produits, «les réserves sont là, mais il faut investir».
En 2022, le Nigeria a produit moins de 1,2 million de barils par jour, selon des chiffres de l’Opep, c’est le niveau le plus bas depuis plus de trente ans, dans un pays où plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit avec 1,90 dollar par jour.
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