Un an de guerre en Ukraine, des femmes élèvent leur voix pour la paix
Linda Bordoni – Cité du Vatican
Darya de Russie, Olga du Bélarus et Katya d'Ukraine sont en Italie pour apporter les voix de millions de leurs compatriotes qui s'opposent à la guerre en cours en Ukraine et à la militarisation croissante du monde.
Elles ont été invitées par le Mouvement italien pour la non-violence (Movimento Nonviolento) qui promeut les activités de démilitarisation et de rétablissement de la paix.
S'adressant à Radio Vatican – Vatican News après avoir participé à l'audience générale du Pape François mercredi 22 février, les trois femmes ont réitéré leur engagement à œuvrer pour la paix. Elles ont exprimé leur gratitude et leur admiration pour la condamnation inlassable par le Pape de l'absurdité de la guerre, pour ses appels aux dirigeants mondiaux à poursuivre les négociations et à rétablir la paix, et pour sa proximité spirituelle et concrète avec ceux qui souffrent.
«Mon objectif, explique Darya Berg, est de trouver un moyen pour que le peuple russe puisse vivre sans avoir du sang sur les mains.»
Faire entendre des voix silencieuses en Russie
Représentant le projet Go by the forest, elle explique qu'il s'agit d'un projet de résistance civile non violente qui travaille «pour aider le peuple russe à éviter cette horrible guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine.»
Darya, qui a dû fuir son pays pour pouvoir poursuivre ses idéaux et son engagement pacifistes, a déclaré qu'elle serait aujourd'hui en prison en Russie pour ses paroles et ses actions.
Il est important d'entendre les voix pacifistes, a-t-elle dit, même si elles sont silencieuses.
Darya a expliqué que Go by the Forest a une double signification en Russie: cela signifie «Nous ne nous soucions pas de ce que vous pensez», et c'est, a-t-elle expliqué, «ce que nous disons au gouvernement dans notre pays.» C'est aussi une invitation à «passer par la forêt» pour trouver des moyens de traverser la frontière et d'échapper à la conscription militaire.
C'est ce que nous faisons, a-t-elle dit, pour aider «les gens qui ne veulent tuer personne dans cette guerre sanglante», les aider à comprendre leurs droits, les aider en leur fournissant des informations juridiques, un soutien psychologique et des cachettes sur le territoire russe ainsi qu'en traversant les frontières.
Il est toujours légal, explique Darya, de quitter le pays; cependant, c'est très difficile pour les gens, surtout ceux des villages et des petites villes qui n'ont pas de passeport et qui ne sont jamais sortis de Russie.
Ils sont menacés, dit-elle, «par le gouvernement, par les militaires, par l'armée. Ils ne savent pas ce qu'ils peuvent faire, ce qu'ils ne peuvent pas faire. Depuis le début de la guerre et le début de la mobilisation en Russie, nous avons aidé 4 000 personnes à éviter la guerre.»
Eviter l’enrôlement au Bélarus
La Bélarusse Olga Karach dirige une organisation appelée Notre Maison, qui mène actuellement une campagne pour aider les hommes à éviter l'enrôlement dans l'armée bélarusse et la guerre en Ukraine.
Elle note que, cette semaine encore, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a adopté une loi approuvant la peine de mort pour les déserteurs de l'armée.
Comme Darya, Olga fait campagne pour faire entendre la voix de ces hommes «qui ne veulent pas aller à l'armée, qui ne veulent pas prendre les armes et qui sont maintenant dans un espace très marginalisé.»
Olga a déclaré que, même si l'attention des médias s'est déplacée après la révolution pacifique de 2020, au cours de laquelle des milliers de citoyens anti-Loukachenko ont été emprisonnés ou exilés, «nous avons toujours beaucoup de terreur et d'opérations dans notre pays.»
Aujourd'hui, elle a déclaré que le peuple bélarusse «a besoin de beaucoup plus de solidarité et de soutien parce que maintenant Loukachenko subit une pression incroyable de Vladimir Poutine pour envoyer l'armée bélarusse en Ukraine.»
Elle est en Italie maintenant, a ajouté Olga, parce qu'elle veut «bloquer et empêcher un deuxième front en Ukraine du côté bélarusse.», «Je pense qu'en tant que mouvement pacifiste et non-violent, nous pouvons le faire».
«Nous avons besoin de l'attention de l'Europe pour la situation du Bélarus, a-t-elle ajouté, en particulier pour les hommes bélarusses qui essaient d'éviter la participation à l'armée.»
La proximité du Pape François
Complétant le trio, Kateryna Lanko, de Kiev en Ukraine, dont l'objectif, dit-elle, est «de faire la paix en Ukraine, d'arrêter la guerre, de faire un mouvement pacifique plus fort en Ukraine et d'aider nos objecteurs de conscience.»
Commentant le puissant appel à la paix lancé par le Pape François lors de l'audience générale et ses paroles concernant le fait que «tout ce qui est construit sur des décombres ne peut jamais être une véritable victoire», Kateryna a dit s'être sentie encouragée et réchauffée par celles-ci, «Avec l'aide du Pape, je pense que nous pouvons faire en sorte que cette guerre prenne fin».
La force de l'unité
Les trois femmes ont réaffirmé leur engagement commun qui découle, selon elles, de problèmes communs et de la conviction qu'ensemble, elles peuvent faire beaucoup. Leur tournée italienne vise à collecter des fonds pour leur travail, mais surtout à se faire entendre. Olga a rappelé avec gratitude la solidarité manifestée par tant d'Italiens envers les enfants , bélarusses orphelins ou affectés par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.
Elle espère que l'Europe prêtera attention au fait que le chef de l’Etat bélarusse, Alexandre Loukachenko organise actuellement des camps d'entraînement militaire pour des enfants âgés d'à peine six ans «pour leur apprendre à tirer, à utiliser du matériel militaire» et à se préparer à devenir des enfants soldats.
«Nous avons toutes les trois vraiment besoin de votre aide, conclut Darya, et nous avons vraiment besoin d'être entendues. Je crois qu'ensemble nous pouvons mettre fin à la guerre et qu'il est très important pour nos pays de sauver autant de personnes que possible.»
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