Corée du Sud et Japon se rapprochent sur fond de contestations persistantes

Les dirigeants sud-coréens et japonais se rencontreront à Tokyo jeudi 16 mars, dans l'espoir de reprendre des visites régulières après une interruption de plus de dix ans et de surmonter des ressentiments qui remontent à plus de cent ans. Mais beaucoup de Sud-Coréens voient d’un mauvais œil cette tentative de réconciliation.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Tourner la page d’années de tensions, de désaccords et même d’une guerre commerciale: c’est l’ambition du gouvernement sud-coréen qui multiplie ces temps-ci les gestes de réconciliation avec l’archipel nippon. Il a annoncé la semaine dernière un plan d’indemnisation des victimes de travail forcé durant l’occupation japonaise de la péninsule, entre 1910 et 1945. Selon Séoul, près de 800 000 coréens auraient alors été contraints à travailler au Japon, sans percevoir de rémunération.

Mais Tokyo considère que le sujet des réparations est déjà clos par des traités –signés en 1965 et 2015-, et refuse de voir des entreprises nippones verser des compensations financières. Ce sera donc une fondation publique financée par des firmes coréennes qui dédommagera les victimes. Jeudi 16 mars, le chef d’État sud-coréen Yoon Suk-yeol se rendra au Japon, une première depuis douze ans. Il rencontrera notamment le Premier ministre Fumio Kishida. Ce rapprochement affiché est toutefois vivement critiqué par l’opinion publique en Corée du Sud, tandis qu’il suscite l’indifférence parmi la population japonaise.

Comment comprendre les manœuvres politiques de Séoul? L’éclairage de Pascal Dayez-Burgeon, chargé de mission au CNRS, ancien diplomate en Corée, spécialiste des questions coréennes.

Entretien avec Pascal Dayez-Burgeon