Guinée: la marche des Forces Vives contre la junte reportée au 15 mars
Entretien réalisé par Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Conakry vit depuis maintenant des mois au rythme de manifestations politiques organisées par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), malgré l’interdiction de tout rassemblement par les autorités guinéennes.
Ce collectif dissout par le pouvoir en place, et réclamant sans cesse un retour à l’ordre constitutionnel, fait partie des Forces Vives de Guinée, ayant appelé récemment à une marche le 9 mars, reportée la veille, au 15 mars prochain par cette coalition de partis politiques, de syndicats et d'organisations de la société civile. Dans un communiqué, les FVG, soulignent que «ce report a pour objectif de donner une chance de réussite aux démarches menées par l’équipe du ministre secrétaire général des affaires religieuses».
Les revendications
Au cœur de cette instabilité politique dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest, on note de nombreuses revendications de l’opposition, qui réclame entre autres: l’arrêt, selon elle, des poursuites judiciaires «fantaisistes» contre des opposants, un cadre de dialogue inclusif et crédible avec la junte au pouvoir, la levée de suspension des manifestations. Selon Kabinet Fofana, analyste politique et directeur de l’Association guinéenne de sciences politiques, les reproches du FNDC par exemple, sont aussi liés à un déficit de promotions, mais aussi de protection des droits humains.
Il explique qu’au lendemain de la prise du pouvoir en septembre en 2021 par l’armée, le Front national de lutte pour la défense de la Constitution «a porté voix à la transition et aux militaires pour démarcher un peu dans la sous-région». Et, de plus en plus, ajoute-t-il, il a commencé à se distancier du pouvoir. Kabinet Fofana souligne que le FNDC reproche aussi à la junte au pouvoir, «une gestion unilatérale de la transition et du caractère non-inclusif de sa démarche».
Des acteurs politiques emprisonnés
En Guinée, des leaders du Front national pour la défense de la Constitution, des acteurs et personnalités politiques sont emprisonnés «sans jugement», affirme Kabinet Fofana, visés par des enquêtes judicaires, et d’autres sont en exil. «Cela reste une situation compliquée», déclare-t-il.
La junte guinéenne, sous pression de la CEDEAO, s’est engagée à céder le pouvoir aux civils, au terme d’une transition de deux ans, à partir de janvier 2023. Un engagement qui ne rassure pas forcément un partie de l’opposition et certains guinéens.
En février dernier, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre avaient éclaté dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry, suite à un appel à manifester du FNDC, faisant au moins trois morts.
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