En Birmanie, la résistance contre la junte ne faiblit pas
Entretien réalisé par Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Le 1er février 2021, un coup d’État chassait Aung San Suu Kyi du pouvoir, installant une énième dictature militaire depuis 1962. Après la prise du pouvoir par l’armée, des fonctionnaires, professeurs ou médecins ont initié une grande grève au sein du mouvement de désobéissance civile.
Les Forces de défenses du Peuple (PDF), venues des grandes villes de Birmanie, issues le plus souvent de l’ethnie majoritaire Bamarl, se sont mises au service de certaines armées ethniques, notamment l’armée Karen à l’est de la Birmanie, dans le but de combattre la junte au pouvoir. Les affrontements sanglants entre la junte et les milices locales armées, ont fait plus de 2000 morts et des centaines de milliers de déplacés, et l’armée est accusée par les milices de crimes de guerre et de bombarder les civils.
En difficulté sur le terrain, la junte reconnaît ne pas avoir le contrôle de plus d’un tiers des districts du pays. En effet cette année, la résistance birmane se donne pour objectif d’empêcher la tenue des élections annoncées par la junte pour le mois d’août prochain.
Le mode opératoire
Il s’agit d’une guérilla, explique Bénedicte Brac de la Perrière, anthropologue, chercheure au CNRS et spécialiste de la Birmanie, qui attaque essentiellement des postes militaires ou des postes que ces milices estiment sensibles, pour empêcher le déploiement des militaires. Et de ce fait, ajoute-elle, les colonnes militaires ne pénètrent plus dans certains territoires. Par ailleurs «il y a des attentats contre les administrateurs affiliés à la junte militaire, au point que certains d’entre eux ont démissionné».
Financements des milices
Ces milices sont «financés par le gouvernement qui a été formé par un certain nombre des représentants des élus aux élections de novembre 2020» qui ont été contestées et annulées par la junte au pouvoir. Ce gouvernement, qu’on appelle le NUG (gouvernement d’opposition en exil), a des financements propres, lève des fonds dans les territoires qu’il contrôle, auprès de la diaspora, par différentes opérations financières, et c’est avec ces fonds-là que sont financées ces milices, déclare-t-elle. Dans ce conflit, la détermination de la résistance est pour le moment sans faille, et celle du gouvernement militaire l’est tout autant, fait savoir Bénedicte Brac de la Perrière.
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