De la fumée à Khartoum le 19 avril, symbole des affrontements militaires dans la capitale soudanaise. De la fumée à Khartoum le 19 avril, symbole des affrontements militaires dans la capitale soudanaise.  Les dossiers de Radio Vatican

Au Soudan, l'affrontement des militaires a des racines profondes

L'explosion de violence dans le pays africain met aux prises l'armée et des factions paramilitaires, derrière les deux hommes forts du pays, responsables du coup d'État de 2021. Retour sur une rivalité qui s'est envenimée ces dernières semaines et menace de plonger le pays dans le chaos.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Les alliés d'hier sont devenus des frères ennemis prêts à lutter jusqu'à la mort. Depuis le 15 avril, les combats opposant l'armée soudanaise et les groupes paramilitaires ont plongé le Soudan dans une véritable guérilla urbaine. À Khartoum la capitale, les échanges de tirs sont quotidiens terrorisent les civils contraints de se terrer chez eux. Certains, par milliers, ont déjà réussi à fuir la ville pour gagner des zones plus calmes. La situation humanitaire devient précaire. Au moins sept hôpitaux ont dû fermer leurs portes à Khartoum et dans plusieurs quartiers, l’eau et l’électricité viennent à manquer. L'ONU a déjà dressé un bilan de plus de 200 morts à Khartoum et près de 2000 blessés, mais il reste difficile d'avoir des chiffres exacts. 

Malgré les appels au calme de la communauté internationale, l'affrontement entre les deux hommes forts soudanais semblait inévitable tant le climat s'était dégradé. D'un côté le général Abdel Fattah Al Burhane, commandant en chef de l'armée, de l'autre, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemetti", patron des FSR, les forces de soutien rapide, puissant groupe paramilitaire. Le duo était arrivé au pouvoir après le coup d'État du 25 octobre 2021 qui a mis fin à une période de cohabitation avec un pouvoir civil, consécutive à la chute de l'ancien dictateur Omal Al Béchir. 

Des rivalités anciennes

Mis sous pression par la rue mais aussi par les bailleurs de fonds du Soudan, conditionnant son aide au retour d'un pouvoir civil à Khartoum, les militaires soudanais ont signé le 5 décembre dernier un accord sous les auspices de l'ONU. Mais plutôt que d'envisager l'avenir, le pacte entre militaires a au contraire aiguisé les rivalités. Parmi les points de ruptures entre Al Burhane et Hemetti figuraient notamment la question de l’intégration des FSR à l'armée régulière. 

Mais ce conflit est aussi le produit de rivalités anciennes entre deux hommes dont l'influence a grandi durant l'ère Al Béchir, et qui ont su, comme l'appareil sécuritaire soudanais, mettre la main sur des pans entiers de l'économie du pays. Retour sur les racines de cette crise avec le chercheur Roland Marchal, spécialiste des conflits en Afrique, chargé de recherche au CNRS et au CERI Sciences-Po à Paris.

Roland Marchal, spécialiste du Soudan

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19 avril 2023, 13:56