La liberté religieuse toujours en péril en Birmanie
Jérôme Raymond-Cité du Vatican
La situation politique en Birmanie est à l'agenda du sommet des pays de l'ASEAN (l'Association des nations d'Asie du Sud-Est) réunis en sommet en Indonésie. L'Avenir du pays pose l'organisation devant "un choix décisif" a affirmé un responsable indonésien ce mardi 9 mai à l'ouverture de la rencontre. La junte militaire qui est au pouvoir depuis le coup d'état de février 2021 semble sourde à toutes les demandes d'apaisement de la part de la communauté internationale.
Si les exactions se poursuivent, la situation concernant la liberté religieuse dans le pays continue de susciter l’inquiétude. La june au pouvoir tire en partie sa légitimité du soutien de la communauté bouddhiste largement majoritaire dans le pays. En aout 2022, le gouvernement militaire avait promis que toute insulte contre les bouddhistes serait punie.
Dans son rapport annuel publié le 1er mai, la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) dénonce le «déclin significatif» des conditions de liberté religieusedans le pays. La junte aurait «violemment pris pour cible des lieux de culte appartenant à des minorités religieuses» précise le rapport. Ces autorités utiliseraient les «mêmes tactiques que celles déployées par ses forces contre les Rohingyas à majorité musulmane depuis 2017». L’armée détruit «les maisons, les lieux de culte et les écoles» souligne encore le rapport.
L’USCIRF exhorte le gouvernement américain de considérer la Birmanie comme un pays «particulièrement préoccupant» en matière de liberté religieuse. La commission américaine préconise également un rapprochement avec les forces démocratiques birmanes de l’opposition afin de favoriser la justice, le rapatriement volontaire et la citoyenneté pour la minorité musulmane Rohingya. Pour la commission américaine, une coopération internationale doit aussi être établie afin d’assurer une meilleure gestion des réfugiés et de l’éducation dans le pays.
Les minorités chrétiennes particulièrement touchées
la communauté chrétienne birmane est fortement persécutée. De nombreuses églises, institutions, cliniques ainsi que des couvents ont été touchés par des bombardements ces deux dernières années, précise l'USCIRF. Depuis le coup d'état de 2021, les forces gouvernementales ont endommagé ou détruit au moins neuf églises catholiques dans le diocèse de Loikaw, à l’Est de la Birmanie. Le rapport recense le bombardement d’au moins 16 paroisses sur les 38 de ce diocèse.
Selon les études de l’ONG chrétienne Portes Ouvertes, la persécution contre la communauté chrétienne est considérée comme «très forte» ces dernières années. Les combats sont nombreux notamment dans les États de Kachin au Nord du pays, de Shan et de Karen à l’Est, et de Chin à l’Ouest. Les chrétiens birmans sont également soumis à des conditions de vie difficiles en plus des violences subies. Ils sont de plus en plus nombreux à être privé de soins, de nourriture et d’éducation. La plupart d’entre eux souffrent de grande pauvreté, de sévères discrimination ainsi que d’analphabétisme. «Ils sont ainsi exclus de la vie communautaire et on leur interdit l’accès aux services de base comme l’accès à l’eau» déplore l’ONG.
Mgr Maurice Nyunt Wai, évêque coadjuteur du diocèse de Mawlamyine, à l'extrême sud du pays, avait donné des précisions à Vatican News le 8 avril 2023. Selon lui, «beaucoup de gens n'ont plus de maison, leurs maisons ont été brûlées». «Dans les grandes villes, la situation est plus calme, mais dans les provinces les violences sont plus fréquentes, dans certaines zones les gens ne vivent pas en paix» déclarait-il. Toutefois, la communauté chrétienne du pays a su développer de bonnes relations avec les autres religions minoritaires. «Nous nous entraidons» précisait Mgr Wai qui relève l’esprit de réconciliation animant les chrétiens.
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