Jacques Maritain, un héritage politique et spirituel vivifiant
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Né en 1882 à Paris, Jacques Maritain s’éteint à Toulouse le 22 avril 1973, dans une communauté des Petits Frères de Jésus qu'il avait rejointe quelques années plus tôt. Quoique parfois encore trop méconnue, la trace du philosophe et théologien reste pourtant indélébile dans le paysage intellectuel catholique français. Ses correspondances avec Paul Claudel, François Mauriac, Georges Bernanos, Henry de Lubac ou Edith Stein vont rester à la postérité, ainsi que ses liens avec d'autres grandes figures comme Charles Péguy, Henri Bergson ou encore Léon Bloy qui fût son parrain de baptême. Son histoire d’amour et compagnonnage intellectuel aussi avec Raïssa, immigrée juive de l’Empire russe rencontrée sur les bancs de la Sorbonne, qu’il épousera en 1904, deux ans avant leur conversion commune au catholicisme.
À travers son œuvre, qui fait de lui l’un des grands rénovateurs de la pensée thomiste, Jacques Maritain pose aussi, au cœur du XX ème siècle, les bases renouvelées d’un dialogue entre le christianisme et la démocratie, comme le souligne l'écrivain et éditeur François Huguenin, professeur d’Histoire des idées à l’ICP (Institut Catholique de Paris) et professeur à l'Ircom
Influencé par l’Action Française, dont il n'a cependant jamais partagé les positions antisémites de certains de ses membres, à commencer par Charles Maurras, Jacques Maritain va rompre avec le mouvement royaliste, condamnée par Pie XI en 1926. Voix singulière, Jacques Maritain ne va pas pour autant basculer vers ceux qui auraient voulu le récupérer dans les combats de la gauche. En 1935, il publie sa Lettre sur l'indépendance, pour répondre déjà aux débats intellectuels polarisés entre "conservateurs" et "progressistes". Le philosophe montre que seule compte la liberté intérieure.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Jacques Maritain est nommé ambassadeur de France près le Saint-Siège. Ses années romaines vont le rapprocher de Giovanni Montini, futur Pape Paul VI. La vie de l’intellectuel français, un demi-siècle après sa disparition, reste remarquable dans sa capacité de rester en dialogue avec le monde sans rien renier de sa fidélité au christianisme. Sa cause de béatification, tout comme celle de son épouse Raïssa, disparue en 1960, a été ouverte en 2011.
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