Déportation d’enfants ukrainiens, possible «crime contre l’humanité» selon l'OSCE
Jérôme Raymond - Cité du Vatican
«Nous devons faire tout ce qui est humainement possible», a déclaré François, le 30 avril 2023 lors de la conférence de presse lors du vol papal de retour de Hongrie. Le Saint-Père affirmait ainsi vouloir agir en faveur du retour des enfants ukrainiens emmenés de force en Russie.
Ce jeudi 5 mai est paru un rapport de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui alerte sur un possible transfert de centaines de milliers d’enfants ukrainiens vers la Russie et les régions ukrainiennes sous contrôle russe. Selon Veronika Bilkova, professeure à la faculté de droit de Prague, qui a rédigé l'étude avec deux autres experts, il s’agit d’une tentative «d’assimilation massive», qui s’inscrit dans un processus initié en 2015 après l’annexion de la Crimée par la Russie.
Si le nombre de déportations n’est pas encore déterminé, il semblerait que ces actions soient plus nombreuses qu’on ne le pense. «Selon les estimations les plus basses que nous avons pu trouver, leur nombre se situe autour de 20 000. Mais des sources russes et ukrainiennes suggèrent des chiffres dix fois plus élevés, voire davantage encore», souligne Veronika Bilkova.
Le rapport incrimine davantage les opérations russes en déplorant de «multiples violations des droits des enfants» au service d’un «plan pour les assimiler de manière massive». Les autorités russes auraient développé une méthode «systématique», qui vise à intégrer les jeunes ukrainiens dans des familles russes au lieu d’agir en faveur du retour dans leur famille. Ils seraient également soumis à une «campagne d'information pro-russe dans le but de les rééduquer et [seraient] soumis à des formations militaires».
La Russie ne divulgue aucune information sur les déportations
Le rapport de l’OSCE souligne la forte probabilité d’un crime contre l’humanité dans la mesure où la Russie ne respecte pas l’interdiction d’évacuer «des enfants vers un pays étranger, sauf temporairement pour des raisons impérieuses de santé ou de sécurité».
De leur côté, les autorités russes ont indiqué que ces actions visaient à protéger ces enfants. Toutefois, les nombreuses interviews et visites qui enrichissent le rapport de l’OSCE démontrent que la Russie a déjà pris «des mesures juridiques et politiques (...) pour favoriser l'obtention de la nationalité russe et leur placement dans des familles d'accueil». Par ailleurs, le gouvernement russe n’a pas accepté de divulguer des informations vis-à-vis de ces déportations.
Pour le Souverain pontife, le Saint-Siège a un rôle important à jouer dans ce dossier des enfants ukrainiens, comme il l’a fait lorsqu’il «a servi d'intermédiaire dans certaines situations d'échange de prisonniers» a-t-il rappelé lors de sa conversation avec les journalistes à son retour de Hongrie.
Le 27 avril dernier, lors de rencontre avec le Pape au Vatican, le Premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal, avait expliqué avoir abordé cette question. «J'ai également demandé à Sa Sainteté de nous aider à ramener chez eux les Ukrainiens et les enfants ukrainiens qui sont détenus, arrêtés et déportés de force en Russie», avait déclaré le chef du gouvernement ukrainien.
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