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Les systèmes de soins européens menacés, met en garde Caritas Europe

En Europe, les personnes nécessitant des soins sont plus nombreuses que les places et les personnels soignant disponibles, avertit Caritas Europe dans un récent rapport. Une situation qui va fortement s’aggraver alors que le nombre de patients dans l'UE devrait passer de 30,8 millions en 2019 à 38,1 millions en 2050.

Jérôme Raymond – Cité du Vatican

Lundi 26 juin, Caritas Europe, l'un des plus grands prestataires de services sociaux en Europe, a publié un rapport intitulé «Vieillir dignement. Défis des soins de longue durée en Europe». L’organisation analyse des défis du secteur des soins dans 13 pays européens et appelle à davantage d'investissements, à de meilleures conditions de travail pour les soignants et à un meilleur accès aux soins pour ceux qui en ont besoin.

Le rapport décrit la situation complexe actuelle caractérisée par de graves pénuries d'emplois et un manque de services de soins abordables. En analysant les causes profondes de divers problèmes, la publication propose également des solutions concrètes.

La nécessité d’agir

«L’accroissement de la population est un marqueur de la tendance mondiale de notre temps» a déclaré Shannon Pfohman, directrice du plaidoyer à Caritas Europe au micro de Vatican News. La situation est particulièrement préoccupante «car la demande de soin sur le long terme est en train de s’accélérer et les dépenses publiques ne suivent malheureusement pas le rythme» a-t-elle ajoutée.

Convaincue que la solution est de «collaborer avec les institutions européennes», Caritas Europe a présenté son rapport au parlement et à la commission. S’en sont suivies des discussions sur la stratégie à adopter pour répondre à l’enjeu des soins sur le long-terme. Shannon Pfohman s’est félicité d’avoir fait entendre le problème et d’avoir suggéré des recommandations. C’est un enjeu important que la Caritas Europe «continuera de défendre» souligne-t-elle.

Si les responsables de l’UE sont désormais impliqués dans la question des soins sur le long-terme, «le cœur du problème est plutôt de savoir ce que les gouvernements vont faire à l’échelle nationale». «C’est maintenant entre leurs mains de suivre les recommandations et de décider si et comment ils vont réformer le système de soin sur le long terme» a-t-elle ajouté.


Les suggestions de Caritas Europe

Dans ses 15 recommandations clés, Caritas Europe entend faire adopter une nouvelle loi européenne sur les investissements et les infrastructures sociales afin «d’impliquer davantage les États concernés». Elle demande également «une garantie de droit aux soins de long-terme pour tous» et ce, indépendamment de la situation financière dans laquelle se trouve le pays. «Ceci est très important car au regard de nos données, de plus en plus de personnes âgées ne peuvent plus avoir accès aux soins à cause d’un manque de moyens financiers» souligne la directrice de plaidoyer.

L’organisation alerte sur la nécessité d’augmenter les salaires, d’apporter de meilleures conditions de travail ainsi que de régulariser les soignants informels et irréguliers. La Caritas appelle également à investir davantage dans les prestataires de soins à but non lucratif qui font partie des remèdes les plus urgents pour «garantir des soins de qualité accessibles et abordables pour tous».

«Nos actions sont en grande partie portée sur les personnes âgées mais également sur les personnes en situation de handicap et les enfants» a précisé Shannon Pfohman. Une des grandes demandes de Caritas Europe est de «ne pas trop institutionalisé les soins» mais de privilégier une méthode plus concrète et plus proche des gens.

Le problème des migrations intra-européennes

Une de grandes inquiétudes de Caritas Europe est qu’il n’y pas assez de personnel dans les pays de l’Est de l’Europe, parce qu’au moment où les soignants sont formés ils migrent dans les pays de l’Ouest. Pour Shannon Pfohman, la solution n’est pas de mettre fin à l’immigration des soignants qui «sont dans leur droit». Elle remarque également «qu’ils migrent par nécessité parce qu’ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins dans leur propre pays». «En réalité ils préféreraient rester chez eux», a-t-elle ajouté.

L’organisation appelle donc à une «entraide entre les pays de l’UE pour éviter ces situations d’inégalité». Elle forme les migrants de l’Est de l’Europe afin qu’ils puissent obtenir suffisamment d’argent pour revenir chez eux. «C’est positif à la fois pour ces familles mais aussi pour les conditions de soin dans ces pays» a souligné la directrice de plaidoyer.

Cet engagement est précieux pour la Caritas Europe, qui continuera à lutter pour que les soins dans l’UE soient réformés «tant que la situation n’est pas traitée dans une approche de collaboration entre les différents acteurs», a plaidé Shannon Pfohman.

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28 juin 2023, 11:37