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Innondation en Haïti, après des pluies torrentielles du 3 juin 2023 Innondation en Haïti, après des pluies torrentielles du 3 juin 2023 

Catastrophes en Haïti: l’Église aux côtés des victimes

Au lendemain du séisme qui a secoué la péninsule Sud-Ouest du pays, Mgr Gontrand Décoste, évêque du diocèse de Jérémie, et le Coordonnateur des programmes de Caritas Haïti, présentent l’état de la situation sur le terrain et explique le rôle de l'Église dans le soutien des populations affectées.

Pierre Dalin Domerson – Cité du Vatican

En l’espace d’une semaine, Haïti a été frappé par deux catastrophes naturelles. Mardi 6 juin, le pays a été secoué par un séisme de magnitude 4,9, faisant quatre morts et une quarantaine de blessés, alors que la population lutte encore avec les conséquences des récentes inondations dévastatrices suite aux fortes intempéries ayant causé la mort de 42 personnes.

Une population sous le choc

Dans la ville de Jérémie, la population est encore sous le choc de l’évènement, et craint de nouvelles secousses. Dans sa prise de parole, Mgr Gontrand Décoste a dépeint un triste tableau. « Il y a plusieurs maisons effondrées notamment dans la localité de Sainte Hélène, où il y a eu trois morts et des blessés. Aussi, nous avons de nombreux édifices endommagés dont l'Évêché de Jérémie, des presbytères, quelques églises et quelques écoles également». L’évêque jésuite a profité de l’occasion pour alerter sur les semaines à venir. «Nous avons eu beaucoup de pluies et les inondations ont ravagé les productions agricoles. Il y aura certainement une rareté de nourriture dans les jours à venir». De son côté, le coordinateur de programme pour la Caritas Haïti, M. Lumarque Winter, a affirmé que le bilan des dégâts s’alourdit chaque jour. «Nous venons de recevoir le bilan du diocèse de Jacmel, qui fait état de 2.000 maisons détruites par les inondations. Cela signifie deux mille familles qui doivent trouver un lieu d’hébergement et du soutien».

La proximité de l’Église aux populations touchées

L'Église met en marche ses structures caritatives pour intervenir en faveur de ces personnes avec «nos maigres ressources», et comptant toujours sur l'aide des églises sœurs, a rassuré l’Évêque de Jérémie. Mais en même temps, «nous présentons nos plus profondes sympathies à toutes les familles touchées par les inondations. Nous sommes à vos côtés en tant qu'Église et nous serons toujours à vos côtés pour vous accompagner, pour vous soutenir, pour vous aider à vous relever et à continuer à espérer malgré tout». Le coordinateur de programmes de la Caritas Haïti a déclaré que «beaucoup de personnes viennent frapper à nos portes. Les bureaux des Caritas diocésaines croulent sous les demandes tandis que nos moyens sont limités. Nous essayons de faire de notre mieux au niveau local avec le réseau national, mais nos stocks sont épuisés». Il a également profité de l'occasion pour lancer un appel à la solidarité auprès des partenaires et des Caritas des Églises sœurs.

Dans ce pays fragilisé par des crises socio-économiques et politiques successives et souvent touché par des catastrophes naturelles de grande envergure, l'Église représente le plus souvent l’unique espoir pour des populations désemparées en jouant un rôle de suppléance dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'agriculture, et de l'environnement. Afin d’être plus efficaces et de servir les personnes les plus touchées, Mgr Decoste a par ailleurs affirmé que la Caritas de Jérémie, en partenariat avec l’organisation caritative américaine Catholic Relief Services, continue de recueillir des informations dans les 58 paroisses du diocèse pour identifier les familles touchées ainsi que les problèmes urgents, afin de déterminer le type d'intervention nécessaire.

Aggravation d’une situation déjà compliquée

Alors qu’Haïti peine encore à se relever des séquelles du tremblement de terre du 12 janvier 2010, du 14 août 2021 et de plusieurs ouragans dévastateurs, ces deux récentes catastrophes ne viennent qu’ajouter aux drames d’une population frappée depuis plusieurs années par une vague d’insécurité sans précédent, où des gangs armés contrôlent 80% de la zone métropolitaine. «Depuis quatre ans, le pays est pratiquement sous l’emprise de la violence de groupes lourdement armés qui terrorisent, kidnappent et rançonnent les gens, empêchant ainsi la population de vivre dans la tranquillité, dans la paix, dans la sécurité», a rappelé Mgr Decoste. L'Église est vraiment préoccupée par cette situation, d'autant plus que le gouvernement de son côté, ne manifeste pas une volonté politique ferme pour intervenir de manière pertinente pour combattre cette violence qui sert certainement des intérêts économiques et politiques. Au mois de mai, le programme alimentaire mondiale avait tiré la sonnette d’alarme sur Haïti dont 20 % de sa population est menacé par la famine et près de la moitié est en état de crise d’insécurité alimentaire.

L’Évêque de Jérémie a également alerté sur une triste réalité qu’il décrit comme un « sauve-qui-peut » où, en raison de l’insécurité, les gens veulent partir à tout prix alors que nous avons un pays à construire. Là encore, il rappelle que l'Église est aux côtés des gens: «l’Église n'abandonnera pas la population de Jérémie, l'Église sera toujours aux côtés du peuple haïtien pour l'aider dans ce combat pour la dignité, la paix, la justice, et pour que l'espérance triomphe sur toutes ces forces des ténèbres qui veulent envahir le pays».

Face à ces deux nouvelles catastrophes dévastatrices, il est plus que jamais nécessaire de rappeler les paroles profondes du Pape François demandant à la communauté internationale de «ne pas laisser seul le peuple haïtien qui vit dans des conditions limites», et dont le cri résonne avec une urgence accrue.

Suivre Mgr Gontrand Décoste,SJ, évêque de Jérémie en Haïti

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08 juin 2023, 09:53