Le Pacte éducatif du Pape François et ses défis pour l’éducation en Afrique
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Le Pape François a reçu jeudi 1er juin les promoteurs du Pacte éducatif africain. La veille, ces personnalités venues d’Afrique et d’autres continents ont organisé une conférence internationale sous la houlette de la Fondation internationale religions et sociétés. La conférence a abordé plusieurs aspects et défis liés à l’éducation sur le continent. Après une présentation du pacte éducatif africain et de ses axes principaux, diverses thématiques ont été abordées. Les intervenants provenaient de la République Démocratique du Congo, du Rwanda, du Kenya, de la Tanzanie, du Nigeria, du Burkina Faso; mais aussi de la Belgique et de l’Allemagne. En partant des divers aspects de la vie du continent, ils ont souligné certains défis auxquels est confronté l’éducation en Afrique, tout en relevant l’importance de renforcer ce secteur pour assurer le présent et préparer l’avenir de ce continent.
L’aboutissement d’un long processus
La première intervention a porté sur la présentation du Pacte éducatif africain, faite par le professeur Jean-Paul Niyigena, secrétaire général de la Fondation internationale religions et sociétés et consulteur auprès du dicastère pour la Culture et l'éducation. Il a tout d’abord souligné que ce Pacte éducatif africain est l’aboutissement d’un long processus qui a impliqué pasteurs (cardinaux, évêques et prêtres), chercheurs, enseignants et bien d’autres personnes. Il a notamment pour objectif de répondre aux préoccupations des peuples africains en matière d’éducation, afin de mieux faire face à certains maux qui le minent comme les conflits, la corruption, l’exploitation de ses ressources, etc. Proclamé à Kinshasa (République Démocratique du Congo) en novembre 2022, ce pacte découle du Pacte éducatif global du Pape François et s’inscrit dans une perspective de renouvellement, afin de faire naître en Afrique des lieux d’espérance où le bien de la personne et de la nature sont respectés et préservés.
4 axes principaux du Pacte éducatif africain
Cet outil qui traduit dans les réalités africaines le Pacte éducatif du Pape François comporte quatre axes, a détaillé le professeur Niyigena. Le premier concerne l’Église, spécialement dans son rôle de maîtresse et d’enseignante. Ce premier point veut que l’Eglise revoie et réfléchisse sur la manière de transmettre l’Évangile, particulièrement en Afrique. Le deuxième axe porte sur les écoles catholiques, qui doivent être des laboratoires d’un nouvel humanisme, d’une nouvelle Afrique débout et qui espère. Partenaire de taille des États africains en matière d’éducation, le document s’adresse aux gouvernements dans le troisième point principal, en les interpellant dans leur rôle de préparer l’Afrique de demain par le renforcement du secteur éducatif. Le dernier axe concerne les universités catholiques, en pleine croissance dans des diocèses et pays d’Afrique. Avec la synergie qui sera créée au sein de la fondation, les institutions d’enseignement supérieurs du continent auront un rôle clé à jouer, à travers leur contribution sur l’amélioration des conditions de vie dans la société.
Assurer le présent et préparer le futur: les défis de l’éducation en Afrique
Les différentes interventions ont traité des défis de l’éducation en Afrique. La thématique du «partenariat Église-État autour de la crise de l’éducation en Afrique» a été abordée par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM). Il a notamment souligné la responsabilité des états dans l’amélioration du système éducatif à travers la construction des infrastructures, l’acquisition des manuels scolaires, le traitement des enseignants, ect. Les points sur l’éducation dans les partenariats ou accords-cadres ne doivent pas rester des vœux pieux, mais doivent être mis en application, a-t-il insisté. Mgr Flavian Kassala, évêque de Geita, en Tanzanie, a relevé le «dilemme» de l’éducation africaine, prise entre les cultures africaine et occidentale. Pour lui, une bonne synthèse des éléments des deux mondes peut enrichir l’enseignement en Afrique. La professeure Mary Getui et la docteure Beatrice Wairimu du Kenya ont montré l’importance de renforcer et d’encourager l’éducation de la jeune fille et de la mère en Afrique, vu leur rôle capital dans la croissance de l’enfant et de la société entière.
Les conflits multiformes, des grandes menaces de l’éducation en Afrique
Les défis de l’éducation dans les sociétés post-conflits, ont été abordés par le cardinal Antoine Kambanda, qui est parti du cas de son pays, le Rwanda. D’autres intervenants ont souligné l’impact des conflits interreligieux sur l’éducation, avec notamment des sentiments religieux mal exprimés qui créent la haine, les guerres et empêchent les enfants d’aller à l’école. Les cas du Burkina Faso et du Nigeria ont été présentés respectivement par Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupèla et Mgr Moses Chikwe, évêque auxiliaire d’Owerri. «Si la religion est bien comprise, elle peut contribuer à un débat public sain et forger des bonnes mentalités», a déclaré le professeur Bernard Grümme de la University of Bochum, en Allemagne.
Pour Patrick Renault, ambassadeur du Royaume de Belgique près le Saint-Siège, qui a ouvert et clôturé les travaux, le constat général qui se dégage est que l’Afrique veut prendre en main son avenir. L’école étant un lieu de promotion de la dignité humaine, les crises auxquelles fait face le continent n’auront de réponses efficaces que si l’éducation est améliorée, ont affirmé les conférenciers.
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