Vision 2030: l'Arabie saoudite prépare l’avenir
Entretien réalisé par Alexandra Sirgant - Cité du Vatican
En 2016, le prince Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, dresse la feuille de route de plusieurs réformes économiques et sociales: le plan Vision 2030. Après une nouvelle baisse des prix du pétrole, le plus grand exportateur au monde ne souhaite plus en dépendre autant. MBS veut transformer l'économie saoudienne dans une optique libérale, moderne et industrialisée. «Il faut savoir qu'aujourd'hui, les exportations hors pétrole représentent 16 %. En 2030, l'ambition est de porter cela à 50 %» explique Jean-Paul Ghoneim, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste des pays du Golfe.
Pour se faire, le pays cherche de nouveaux débouchés. Riyad investit massivement dans le secteur de la logistique, de la défense, de l'intelligence artificielle ou encore des énergies renouvelables. «L'Arabie saoudite ne s'interdit rien actuellement», précise Jean-Paul Ghoneim. C’est notamment le cas dans le secteur du tourisme, où les ambitions pour 2030 sont importantes. Le pays souhaite attirer cent millions de visiteurs, afin que le tourisme contribue à 10% du PIB d'ici sept ans. Une stratégie qui doit également permettre la création d‘un million d'emplois supplémentaires dans le royaume.
Du tourisme religieux au tourisme de loisirs
Jusqu'alors le pays était plutôt une destination de tourisme religieux. Il se tourne désormais vers un tourisme de loisir, ouvert aux occidentaux. Une véritable révolution pour cette monarchie islamique difficilement accessible il y a seulement cinq ans. Le pays avait jusqu'alors plutôt occulté son passé pré-islamique, or c'est désormais devenu un argument pour séduire les touristes étrangers. Notamment sur le site archéologique d'Al-’Ula, vieux de plus de deux mille ans.
Pour attirer les investisseurs étrangers, Riyad utilise tous les ressorts du soft power: rachat de grands footballeurs internationaux, envoi de la première femme arabe dans l’espace, candidature à l’exposition universelle de 2030… Une stratégie de modernisation de l'image culturelle et sociétale du pays qui risque de faire passer au second plan les problèmes de violation des droits humains. Pour rappel, la peine de mort y est encore bien une realité. En 2019, au moins 184 personnes ont été condamnées à mort selon le Cornell Center on the Death Penalty Worldwide.
Reste à savoir aujourd'hui si le pays a les moyens de ses ambitions. «Le pays compte 35 millions d'habitants alors que les ressources humaines, notamment en termes de compétences, risquent de manquer» souligne Jean-Paul Ghoneim.
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