À Odessa, la cathédrale de la Transfiguration détruite par les bombes
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Continuons à prier pour la paix, en particulier pour la chère Ukraine, qui continue à subir la mort et les destructions, comme cela s'est malheureusement produit cette nuit à Odessa». Le Pape François a une nouvelle fois tourné ses pensées et prières vers «l’Ukraine martyrisée», dimanche 23 juillet, après avoir récité l’angélus devant 20 000 fidèles rassemblés place Saint-Pierre.
«Un crime de guerre»
La perle de la mer Noire, dont le centre historique a été classé en début d’année 2023 au patrimoine mondial de l’Unesco, a de nouveau été la cible de missiles russes dans la nuit de samedi à dimanche. 19 tirs ont visé Odessa, faisant deux morts, blessant 22 personnes, et détruisant l’historique cathédrale orthodoxe de la ville. «La cathédrale de la Transfiguration, située dans le centre historique d'Odessa, protégée par l'Unesco, a été détruite. Un crime de guerre qui ne sera jamais oublié ni pardonné», a dénoncé le ministère ukrainien des Affaires étrangères. Le président Zelensky promet lui «des représailles». Diverses chancelleries occidentales, de Rome à Paris, ont condamné cette destruction. Lundi 24 juillet, le Kremlin dément avoir visé la cathédrale par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov.
Une cathédrale déjà démolie par les communistes de l'URSS
La cathédrale de la Transfiguration de style russo-byzantin, fondée à la fin du XVIIIe siècle a été bâtie par un architecte italien et a inspiré la construction de nombreux édifices religieux en Europe orientale, comme la cathédrale de la Nativité à Chisinau en Moldavie.
Les bombardements de la nuit de samedi à dimanche ne sont pas les premiers à détruire la cathédrale. Les communistes soviétiques avaient déjà démoli le lieu dans les années 1930. L’église n’avait pu être reconstruite qu’à l’orée de l’an 2000, dans le cadre du «Programme de reconstruction des monuments remarquables et perdus de l'histoire et de la culture de l'Ukraine». La cathédrale a de nouveau été consacrée en 2003.
Celle qui fut l’une des plus grandes cathédrales de l’empire russe renferme la dépouille du prince russe et maréchal Vorontsov, qui avait combattu les troupes napoléoniennes. D’abord sous juridiction de l’Église orthodoxe ukrainienne liée au patriarcat de Moscou, elle est ensuite passée dans le giron de l’Église orthodoxe d’Ukraine, autocéphale depuis 2018.
La mer Noire, épicentre des attaques
Les tensions en mer Noire, où la Russie organise des manœuvres militaires, se sont intensifiées depuis l'expiration de l’accord crucial qui permettait les exportations de céréales ukrainiennes. Odessa, ville de plus d’un million d’habitants au sud de l'Ukraine, est un port stratégique pour le transit maritime dans la région.
L'Unesco avait déjà «fermement condamné» vendredi 21 juillet les frappes russes contre «plusieurs musées» et des bâtiments historiques du centre-ville d'Odessa.
Méditerranéenne et slave
Carrefour privilégié des cultures depuis des siècles, port important de l'Empire ottoman, la ville actuelle fut fondée par un décret de l'impératrice Catherine II de Russie en 1794. Sa statue a d'ailleurs été déboulonnée en novembre 2022 pour être déplacée. L'architecture odessite mêle plusieurs influences: française, italienne, slave. De la Renaissance à l'Art nouveau, la ville est connue pour être l'un des poumons culturels de l'Ukraine, avec ses neufs théâtres et son opéra de renommée mondiale.
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