Abdel Fattah Al Sissi, dix ans de règne absolu sur l'Égypte
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Le 3 juillet 2013, l’Égypte connait un nouveau coup d’État, mené par l’armée contre le président islamiste Mohamed Morsi élu l’année précédente lors des premières élections démocratiques de l’histoire du pays. À la manœuvre, le ministre de la Défense, Abdel Fattah Al Sissi, qui après avoir déposé le président est nommé Premier ministre. Le maréchal Al Sissi est désormais en route vers le pouvoir.
Sa domination commence par une répression sévère des Frères musulmans puis contre toute opposition au sein de la société civile égyptienne. Pourtant, Al Sissi va pouvoir jouir du soutien des puissances régionales, Arabie saoudite et Émirats arabes unis en tête et de ses alliés occidentaux, au nom de la lutte anti-terroriste. S’il ne devient président de l’Egypte qu’en 2014, le puissant maréchal construit peu à peu sa stature d’homme fort du pays le plus peuplé du monde arabe, avec plus de 105 millions d’habitants.
La nostalgie de l'ère Moubarak
La privation des liberté en Égypte est presque devenue une méthode de gouvernement. Bloggeurs, anciens révolutionnaires de 2011 et avocats sont placés en prison. Selon l'ONG Amnesty International, plus de 60 000 prisonniers politiques peuplent les geôles égyptiennes où la torture n'est pas rare. Dans ce climat dictatorial, certains en viennent à regretter l'ère Hosni Moubarak, pourtant chassé au printemps 2011 lors des printemps arabes.
Dix ans après son coup de force, Abdel Fattah Al Sissi semble toujours inamovible malgré le mécontentement grandissant de nombreux Égyptiens et la dégradation de l’économie. L'inflation galopante (plus de 33%) , mais aussi la guerre en Ukraine avec une chute des importations du blé ont mis à genoux la population. Le mécontentement grandit contre le pouvoir de l'armée, qui domine toujours des pans entiers de l'économie. Si Le Caire a pu bénéficier en décembre 2022 d'un prêt du FMI de 3 milliards de dollars, l'institution internationale demande des ajustements économiques à commencer par une diminution du poids des militaires dans les investissements du pays.
Retour sur ces dix années dominées par Abdel Fattah Al Sissi avec Agnès Levallois, vice-présidente de l’IREMMO (Insttitut de Recherches et d'Études Méditerranée Moyen Orient) et maîtresse de recherches à la FRS, la Fondation pour la Recherche Stratégique
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