L’archevêque de Sarajevo rend hommage aux victimes de Srebrenica
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
Alors que la Bosnie-Herzégovine commémore le tragique anniversaire du génocide de Srebrenica, perpétré pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), l'archevêque de Sarajevo, Mgr Tomo Vuksic, estime que les tombes des victimes sont «des grands messagers de paix» qui «exigent que chaque vie soit respectée et préservée».
Le massacre le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale
Le massacre de Srebrenica est l'acte le plus meurtrier survenu sur le continent européen depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le 11 juillet 1995, des milliers de bosniaques sont massacrés par l’armée de la république serbe de Bosnie, alors que la ville était censée être une «zone protégée» par les Nations Unies.
Ignorant cette résolution de l’ONU, l'armée serbe de Bosnie, sous le commandement du général Ratko Mladic, attaque la ville et exécute 8 000 garçons et hommes bosniaques de confession musulmane.
Outre les tueries, plus de 20 000 civils ont été expulsés de la région, et plus de 6 000 maisons, mosquées, écoles, usines et infrastructures ont été incendiées.
Ce massacre, 50 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, choquent alors les pays occidentaux, qui vont faire pression pour mettre en place un cessez-le-feu. En 1995 seront finalement signés les accords de Dayton qui mettront fin à trois années de guerre dans l'ancienne république yougoslave.
Cependant, le conflit a laissé de profondes cicatrices chez les survivants et compliquent la réconciliation politique entre les trois principaux groupes ethniques de Bosnie: Croates, Serbes et Bosniaques.
La responsabilité de l'armée serbe de Bosnie et des Nations Unies
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a conclu que les massacres de Srebrenica, aggravés par l'expulsion massive de civils bosniaques, constituaient un génocide.
Les officiers supérieurs de l'armée serbe de Bosnie sont les principaux responsables, mais les Nations Unies ont aussi leur part de responsabilité, pour ne pas avoir su protéger les civils bosniaques.
Compassion fraternelle pour les victimes
Dans un message publié à la veille du 28e anniversaire du massacre, commémoré chaque année le 11 juillet, Msg Tomo Vuksic a exprimé ses profondes condoléances aux familles des victimes. L’archevêque de Sarajevo a souligné que «chaque victime était un père ou une mère, un frère ou une sœur, un fils ou une fille, une femme ou un mari, un petit ami ou une petite amie, l'ami ou la connaissance de quelqu'un».
«Pour nous autres, a-t-il poursuivi, c’est comme si c’était nos frères et sœurs à qui l'on avait ôté la vie, et notre compassion fraternelle à leur égard est donc sincère».
L'archevêque de Sarajevo a eu une pensée particulière pour les familles de ceux dont les dépouilles ne seront enterrées que cette année, après avoir été exhumées de fosses communes, et identifiées que récemment.
Le message des victimes
L'archevêque Vuksic définit «les tombes des victimes comme de grands messagers de paix» qui «exigent que chaque vie soit respectée et préservée». Il ajoute «qu’il s'agit là de leur plus grand message et d'une leçon pour tous».
Le message se termine par une prière à Dieu, «notre créateur miséricordieux et seul Seigneur de la vie», afin qu'il «accorde à tous les défunts la vie éternelle» et que «l'espoir naisse de la tristesse des vivants».
Les coupables du massacre
Depuis le massacre de Srebrenica en 1995, le gouvernement de la "Republika Srpska" (qui fait aujourd'hui officiellement partie de la Bosnie-Herzégovine) a présenté ses excuses en 2004, tout en reconnaissant qu'environ 7 800 personnes avaient été assassinées.
Le président serbe Tomislav Nikolić a également présenté des excuses en avril 2013, mais sans parler de génocide.
Au fil des ans, le Tribunal pénal des Nations Unies a inculpé plus de 20 personnes et plusieurs ont été condamnées. En 2016, Radovan Karadžić, le président de l’entité serbe de Bosnie de l’époque, a été reconnu coupable de génocide, ainsi que de neuf autres crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il a été condamné à 40 ans de prison. Le général Ratko Mladic a lui été condamné en 2017 à la prison à vie pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
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