Mandela Day et la valeur humaine de bonne gouvernance
Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican
Le Mandela Day que la communauté internationale célèbre chaque 18 juillet depuis 2010 appelle à suivre son esprit de justice. Durant cette journée, chaque citoyen du monde est appelé à consacrer symboliquement soixante-sept minutes de son temps à une œuvre au service de la collectivité, en mémoire des soixante-sept années que Mandela a vouées à sa lutte pour la justice sociale l'égalité, la réconciliation et la diversité culturelle. Toutefois, l’instauration de la démocratie en Afrique du Sud avec l’élection de Nelson Mandela en 1994 a débouché sur un modèle de transition institutionnelle sans pour autant enterrer le fléau de la corruption, qui met à mal toute forme de bonne gouvernance. Les défis économiques de l’Afrique du Sud démocratique font de plus en plus face au pouvoir politique de compromis mettant à mal les valeurs soutenues par Mandela lui-même lors de son investiture. Des élections libres et transparentes ont été organisées, et un gouvernement de rassemblement a fonctionné durant les cinq premières années. Un gouvernement d’unité nationale qui comprenait des membres de l’opposition parlementaire a fait planer l’espoir d’une unité nationale de la nation Arc en Ciel.
De la démocratique prônée par Mandela à la recherche d’une bonne gouvernance
Face aux conflits dont le continent africain n’arrive pas à se débarrasser, l’Afrique du Sud, à travers son modèle de recherche de la justice à travers la vérité et la réconciliation, a démontré combien certains vieux démons peuvent être vaincus. Les premières élections démocratiques de 1994, avec la victoire de Nelson Mandela, premier Président issu d’un scrutin libre, la gouvernance qu’il a instaurée, ont fait naitre beaucoup d’espoir dans une Afrique à la recherche d’une alternance transparente au pouvoir. Après ses cinq années non renouvelables, le système d’élection parlementaire à la tête de l’Etat, la jeune démocratie démontre déjà ses failles en matière de bonne gouvernance. À commencer par le bilan de la présidence de Thabo Mbeki, poussé à la démission, officiellement pour le non-respect des valeurs de son parti. Jacob Zuma, son successeur, renvoyé en 2005 de la vice-présidence pour sa mise en cause dans une affaire de pots-de-vin, est inculpé dans ce même dossier, dix jours après avoir obtenu la présidence de l'ANC. Les conflits internes au sein de l’ANC sont marqués par l’exclusion de Julius Malema en 2013. Il crée un nouveau parti qui met en lumière les vrais problèmes que l’ANC est appelé à combattre : la liberté économique du pays. Coté gouvernement, après Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa s’éloigne de l’héritage deMandela, mais est rattrapé par les ennuis politiques dans un dossier de corruption.
Le Mandela Day fragilisé par la corruption ?
Dans son message pour le Mandela Day 2023, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres passe en revue les fléaux que le monde connait actuellement : la pauvreté, la faim et les inégalités, tout comme la crise économique et climatique, qui détruisent la vie de façon non équitable, selon que l'on habite dans un pays riche ou pauvre. Selon certains analystes, la défection de Julius Malema démontre combien des disparités économiques liées à la race, persistent en Afrique du Sud malgré la fin officielle de la ségrégation légale. Les Sud-Africains les plus pauvres attendent toujours un logement vivable, de l’eau potable, de l’électricité et la voirie. Leurs frustrations s’expriment dans la rue souvent contre les étrangers africains.
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