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Des migrants subsahariens dans la ville côtière de Sfax, le 7 juillet Des migrants subsahariens dans la ville côtière de Sfax, le 7 juillet  (AFP or licensors) Les dossiers de Radio Vatican

Les migrants africains en Tunisie, cible des autorités

Des centaines de personnes ont été explusées début juillet dans le désert, aux confins de la Libye et de l'Algérie et vivent dans des conditions plus que précaires. C'est le résultat d'une politique de discrimination qui s'est accentuée dans le pays ces derniers mois envers les demandeurs d'asile. L'ONG Human Rights Watch dénonce des conditions inhumaines et l’indifférence de la communauté internationale.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican

La situation des migrants originaires d’Afrique subsaharienne est de plus en plus précaire. Depuis le 2 juillet, les forces de sécurité tunisiennes ont expulsé collectivement plusieurs centaines de migrants et de demandeurs d’asile, parmi lesquels des enfants et des femmes enceintes, vers une zone tampon militarisée à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Ces personnes ont déclaré avoir été arrêtées lors de raids menés par la police, la garde nationale ou l’armée à Sfax, ville portuaire située au sud-est de Tunis, ainsi que dans ses environs. La mort d'un Tunisien, poignardé le 3 juillet, a provoqué une vague de violences contre les migrants. Les 5 et 6 juillet, d'autres expulsions ont eu lieu vers des zones désertiques, y compris à la frontière algérienne. 

Ce nouvel épisode répressif s'inscrit dans un contexte politique et social de plus en plus tendu en Tunisie. Devenu l’un des principaux points de départ des voyages clandestins vers l’Europe, le pays, par la voix de son président Kaïs Saed développe une rhétorique anti-migrants très agressive. En février dernier, celui-ci avait affirmé que l’immigration relevait d’un plan «criminel pour modifier la composition démographique» de son pays.

L'alarme de HRW

La vie quotidienne de ces personnes est ainsi de plus en plus difficile, depuis qu'elles sont devenues les bouc émissaires des problèmes de la Tunisie, au point d’être chassées, traquées et parfois donc expulsées dans le désert. Sur place, le Croissant-Rouge a pu venir en aide aux personnes déportées, mais l'aide reste insuffisante. L'ONG HRW tire la sonnette d'alarme et souhaite sensibiliser la communauté internationale sur le sort de ces migrants. L'organisation de défense des droits de l'Homme appelle aussi les pays de l'Union européenne à la responsabilité, eux qui ont délégué aux autorités tunisiennes le soin de gérer les flux migratoires pour limiter les départs vers les côtes européennes. 

Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch en Tunisie, revient sur la situation humanitaire de ces migrants africains

Salsabil Chellali, directrice du bureau de HRW en Tunisie

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14 juillet 2023, 13:33