Décarboner le transport maritime: l’Union européenne mène la barque
Alexandra Sirgant - Cité du Vatican
Téléphones portables, habits, meubles… Ces objets du quotidien ont pour la grande majorité été acheminés par bateau. Le transport maritime représente aujourd’hui 90% de la marchandise mondiale et est à l’origine de 3% des émissions de gaz à effet de serre. «Si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus grands émetteurs mondiaux», avaient déclaré les gouvernements américain et norvégien lors de la COP27 en 2022.
L’Organisation maritime internationale (OMI), institution spécialisée des Nations unies, est chargée d’assurer la sécurité et la sûreté du transport maritime. Jusqu’à récemment, elle n’avait pas établi d’objectif de réduction de la pollution. L’OMI a dernièrement annoncé changer de stratégie en s’engageant désormais à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des navires.
Accord décevant selon les ONGs
Le 7 juillet dernier, un accord pour réduire les émissions du fret maritime a été conclu par les 175 pays membres de l'OMI. Ils se sont fixés pour ambition de réduire de 40% les émissions d’ici 2030 par rapport à 2008. Un accord jugé insuffisant par les ONGS écologistes, qui demandaient -50% d'ici 2030 et la neutralité carbone d'ici 2040.
Les pays réfractaires à l'idée d'aller plus loin lors de ces négotiations sont la Chine, l'Arabie saoudite, la Russie ou encore certains pays d’Amérique latine. Au désespoir des Îles-États du Pacifique, particulièrement menacées par le réchauffement climatique. De nouvelles négociations devraient se tenir à l’automne ainsi que début 2024.
Méthanol vert, réduction de vitesse et bateaux à voile
Les solutions pour décarboner le transport maritime sont pourtant nombreuses selon Jacob Armstrong, représentant du secteur maritime pour Transport&Environnement, l’une des ONGs ayant participé aux négociations de l’OMI.
Si le transport maritime est aussi polluant, c’est en grosse partie à cause du carburant, la plupart des embarcations étant encore alimentées au fioul lourd. «Simplement en réduisant la vitesse des bateaux, l'on pourrait réduire les émissions jusqu'à 30%!», explique-t-il. «Il y a également des bateaux à voile qui se développent et qui permettent de réaliser la même quantité de transport tout en utilisant moins de carburant».
Des alternatives aux hydrocarbures pétroliers se développent également: l’hydrogène vert, le méthanol vert ou encore l’ammoniaque. «Les solutions existent, il manque juste le cadre législatif», déplore-t-il. Il est aujourd’hui plus intéressant économiquement pour les transporteurs d’utiliser du fioul lourd car il n'est presque pas taxé. «On est encore un système où il est beaucoup moins cher d’utiliser le carburant le plus polluant qui existe», soupire encore Jacob Armstrong, reconnaissant «un changement grâce à l’Union européenne».
Les législateurs européens ont décidé d’étendre le marché du carbone (EU ETS) aux exploitants de navires, une première mondiale. L’accord prévoit une couverture progressive de 40% des émissions du secteur en 2025. Une législation dont s’inspire désormais de plus en plus de pays, dont les États-Unis ou la Corée du Sud.
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