Deux mois après les émeutes en France, l’analyse du prêtre de Trappes
Le 27 juin, Nahel, un jeune garçon de dix-sept ans, perdait la vie lors d’un contrôle de police à Nanterre, en banlieue parisienne. Huit nuits d’extrême violence ont suivi ce drame, révélant la colère de toute une partie de la jeunesse française.
Bilan : plus de 1 300 bâtiments dégradés, 5 700 véhicules brûlés, 700 policiers blessés (chiffres du ministère de l’Intérieur). Mardi 29 août, le ministère de la Justice a révélé qu’au 1er août, 2107 personnes avaient été jugées et 1989 condamnées, dont 90% à une peine d’emprisonnement.
Deux mois après, comment comprendre l’ampleur de cette violence? La religion peut-elle l’apaiser? Nous avons posé ces questions au père Etienne Guillet, prêtre de Trappes depuis neuf ans. Située en banlieue parisienne, cette ville de plus de 30 000 habitants, dont la moitié a moins de trente ans, a été l’un des points chauds des manifestations.
«Je l’entends comme un appel à la responsabilité, explique le père Guillet. Il y a quelque chose de l’ordre de l’injustice sociale qu’on ne peut pas ne pas voir ». Il condamne cependant les dégradations faites au mobilier urbain dans la ville.
Sentiment d'injustice
Le père Etienne Guillet voit le travail comme une réponse à la colère des jeunes. «Parmi ceux qui étaient dans les rues en train de manifester jusqu’à trois heures du matin, peu d’entre eux avaient un boulot où se rendre à sept heures du matin le lendemain» souligne-t-il. «Autrement dit, je crois qu’une des réponses, c’est d’apporter des perspectives d’études et de professionnalisation solides».
Or, aujourd’hui trouver un apprentissage quand on vient de Trappes reste compliqué selon ce prêtre des Yvelines. «Il y a une forme de sentiment d’injustice dans le cœur de certains», déplore-t-il, «et donc moi je l'entends comme une invitation, pour nous qui sommes un peu responsables de ces communautés, à aider les jeunes à trouver leur place pour que ces sentiments négatifs d’injustices ne les plombent pas.»
Le prêtre souligne que ces émeutes auront eu comme externalité positive celle de souder les responsables religieux de Trappes : «Quelques heures après les premiers débordements, nous avons publié un communiqué commun avec les responsables des deux mosquées de la ville, mais aussi ceux de la communauté protestante et de la communauté juive». Une première dans l’histoire de cette ville à majorité musulmane, traversée par diverses religions.
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