Lampedusa: une procession pour les victimes de l'immigration
Roberta Barbi, Leone Spallino, Marine Henriot - Cité du Vatican
Une longue et émouvante procession, conduite par le prêtre de la paroisse, le père Carmelo Rizzo, a commencé à 20heures jeudi 14 septembre. Elle a traversé la rue centrale conduisant jusqu'au port de plaisance de la Madonnina.
Des centaines de personnes, habitants de l'île et exilés confondus, ont suivi la croix dans les rues, tandis qu'autour d'eux se poursuivait la course engagée pour manifester sa solidarité aux migrants.
Poussés par les bonnes conditions météos, les débarquements se poursuivent sur l'île. 14 sauvetages ont été effectués en l'espace de 12 heures jeudi, amenant 560 personnes supplémentaires à Lampedusa, ce qui porte le nombre total d'hôtes à plus de 4 000, tandis qu'à l'heure du déjeuner, dans le hotspot de Contrada Imbriacola, avant les transferts, ce nombre atteignait 5 500.
Ici, la Croix-Rouge distribue des repas trois fois par jour dans un lieu qui contient au moins huit fois plus de personnes qu'il ne peut en accueillir. Parmi elles, 291 mineurs non accompagnés. L'un d'entre eux est un enfant d'à peine trois ans, dont les parents sont morts pendant la traversée du désert libyen: la paroisse de San Gerlando s'occupe de lui. Des bénévoles continuent inlassablement à préparer des repas et à distribuer des produits de première nécessité.
La solidarité de Lampedusa
Don Carmelo Rizzo, curé de l'île, au micro de Radio Vatican - Vatican News, a souligné que la solidarité de sa communauté ne s'arrête pas, même face à une crise aussi profonde.
«Il n'y a pas de fatigue chez les paroissiens. Il y a beaucoup de générosité et de volonté de faire», a-t-il déclaré, avant de raconter les conditions difficiles que les migrants ont dû endurer une fois débarqués. «La journée sur le quai a été difficile, car il faisait une chaleur torride et il n'y avait pas d'eau. L'attente a été longue, compte tenu de l'ampleur des arrivées. Il y a eu des tensions, mais ils avaient juste besoin de manger et de se désaltérer».
Dans un communiqué partagé vendredi 15 septembre, la Caritas italienne invite une nouvelle fois à changer de paradigme: «Ce sont des personnes qui fuient parce que leurs droits et leurs vies sont en danger permanent et que le voyage dans le désert et en mer semble moins dangereux que de rester dans certains contextes», rappelle Caritas Italie. «Nous avons souligné à plusieurs reprises que l'on ne peut plus parler d'urgence car le phénomène est désormais systématique», poursuit l'institution.
Le 8 juillet 2013, pour son premier voyage apostolique, le Pape François avait choisi Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie, pour parler de la«mondialisation de l'indifférence», ce qui l'amènera, au fil des ans, à dénoncer à de nombreuses reprises l'indifférence à l'égard de son prochain et à condamner la culture du déchet.
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