RD Congo: l’association «Litanga», une petite goutte de bien dans l'océan
Adriana Masotti - Cité du Vatican
Les médias traitent peu du continent africain, et lorsqu'ils le font, c'est généralement pour rapporter de mauvaises nouvelles: coups d'État, sécheresses, catastrophes qui ne sont souvent naturelles qu'en apparence, guerres, violences, et surtout la fuite, pour des raisons diverses, de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Mais l'Afrique, c'est aussi autre chose, c'est l'espoir, le désir de développement et de paix, un lieu où, notamment les jeunes donnent vie à de nombreuses initiatives pour changer la vie des communautés. En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, un groupe de personnes engagées pour le bien de la communauté s'est jumelé avec une association similaire en Europe.
Une goutte, symbole de force et de vie
Litanga, en lingala, l'une des quatre langues nationales de la République démocratique du Congo, signifie «petite goutte» et symbolise l'accueil, l'énergie, la force et la vie. La nouvelle association présentée pour la première fois au Point Focolare de Rome il y a quelques jours a voulu s'appeler ainsi, en complétant son nom par les mots «pour le développement humain intégral au Congo», qui en disent l'objectif général. Étaient présents à la conférence, entre autres, l'archevêque anglican Ian Ernest, directeur du Centre anglican de Rome et représentant personnel de l'archevêque de Canterbury auprès du Saint-Siège, une délégation de la Fondation Laudato Si' du Mozambique, conduite par son fondateur Mgr Ernesto Maguenge, évêque d'Inhambane, le président de l'association Friends of Tanzania de Genova et, en lien avec la RDC le père Bruno Ciey Ciey. Six membres fondateurs se sont réunis autour de Mgr Bernard Munono Muyembe, congolais, fonctionnaire du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral et président de Litanga.
«Quelques collègues de notre dicastère et d'autres dicastères du Vatican, avec Mgr Munono Muyembe, qui auparavant réalisait de petits pas seul, même avec son salaire, pour contribuer à la croissance de son peuple, nous avons pensé à nous réunir. Plus tard, d'autres amis nous ont rejoints et ont adhéré à ce rêve d'être un pont, un soutien, avec notre profession et nos compétences pour pousser les jeunes du pays africain à l'action», déclare Margherita Maria Romanelli, vice-présidente en expliquant l'origine de Litanga.
Un soutien pour l'espoir
L'association veut être une petite goutte d'eau qui fait la différence en améliorant la vie des gens, grâce à la mise en œuvre de projets concrets dans les zones rurales où les services essentiels à la population font défaut, en particulier en faveur des femmes, des enfants, des jeunes et d'autres groupes défavorisés. Le site web qui vient d'être créé présente une description des projets mis en œuvre jusqu'à présent, qui sont également axés sur la protection de l'environnement et se concentrent dans un rayon de 100/150 km autour de la ville de Yangala. La région est située dans la province centrale du Kasaï, dont la population actuelle est d'environ 1.160.000 habitants.
La République démocratique du Congo est connue pour ses grandes richesses naturelles, mais aussi pour la pauvreté et la violence constante infligée à la population. C’est pourquoi, Romanelli, d’après son expérience et sa vision sur ce pays, aimerait «aider à conscientiser les populations locales, avec de petits projets, à prendre soin de leur maison commune et à trouver l'énergie et l'espoir pour recommencer».
Un pays exploité qui voudrait défendre sa terre
Lors de son extraordinaire voyage apostolique en RD Congo et au Soudan du Sud du 31 janvier au 5 février 2023, le Pape François, confronté aux témoignages dramatiques de cruauté et de violence subies par les civils et surtout les femmes dans le pays, avait appelé à mettre fin au pillage des ressources naturelles de ces terres. «Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l'Afrique! Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin! L'Afrique, sourire et espoir du monde, compte davantage: qu'on en parle davantage, qu'elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations!», avait déclaré le Saint-Père. Selon Margherita Maria Romanelli ces paroles du Pape François ont également soutenu l'engagement de Litanga, ajoutant que le réseau des jeunes qu’ils connaissent au Congo et les amis congolais en Italie, «veulent se sentir personnellement coresponsables du bien commun de leur pays et ne veulent plus être dépouillés de toutes leurs ressources». Face à cette conscientisation, l’Association a pensé pouvoir accompagner ce processus dans différents domaines, «à travers les projets concrets qu'ils ont eux-mêmes formulés, en commençant par le premier projet, qui a déjà été partiellement mis en œuvre et qui concerne les sources d'eau potable». Romanelli a expliqué que jusqu'à présent, trois points d'eau ont été réalisés dans six villages et les femmes qui vont chercher de l'eau avec les enfants, voyant cette possibilité, ont demandé que six autres villages soient également dotés de points d'eau potable.
Chacun peut ajouter sa goutte
La goutte qui apparaît dans le logo de Litanga, avec des mains de différentes couleurs tenant un globe, exprime «la conscience que les besoins à satisfaire sont énormes», d'où la nécessité de la coopération de tous, mais aussi que «chaque action et initiative de solidarité est une chose à ne pas sous-estimer». Bien entendu, la réalisation de tout projet nécessite un financement. «Nous prévoyons de collecter des fonds par le biais de diverses initiatives que nous mènerons également en Italie, mais dont les acteurs seront toujours congolais ou en tout cas africains», a expliqué la vice-présidente de Litanga. Selon Maria Romanelli, l’Association prévoit pouvoir bénéficier en Italie du cinq pour mille afin de recevoir des contributions provenant des impôts de ceux qui souhaitent participer à ses projets. Elle veut également créer un réseau de membres actifs qui la rejoindront et qui, moyennant une cotisation annuelle, pourront soutenir ces projets. Devenir membre de Litanga, a-t-elle conclu, «c'est être cette petite goutte qui, avec beaucoup d'autres, comme le disait Sainte Mère Teresa de Calcutta, peut remplir l'océan».
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